Belgique

Salah Abdeslam au procès des attentas de Bruxelles : « Soit on meurt en martyr, soit on retourne en Syrie. Moi, je voulais aller en Syrie”

Désormais, Salah Abdeslam, qui avait été arrêté quatre jours plus tôt, n’a de cesse de répéter devant la cour d’assises de Bruxelles qu’il n’a rien à voir avec les attentats de Zaventem et de Maelbeek du 22 mars 2016. Et d’insister sur le fait qu’entre les attentats du 13 novembre 2015 à Paris et son arrestation, son seul souci était de trouver un chemin pour gagner la Syrie.

Des éléments du dossier laissent toutefois entendre qu’il aurait pu nourrir de bien plus noirs projets. Dans une lettre, enregistrée sur PC et adressée à son émir, il explique qu’il aurait voulu être “parmi les shahids (martyrs)” à Paris mais que sa ceinture a été défectueuse. Il écrit avoir envisagé de rejoindre la Syrie mais que “c’était une idée du Shaytan (Satan) et que la meilleure chose était de finir le travail ici avec les frères”.

Salah Abdeslam, de petit voyou à djihadiste convaincu

« Des mots en l’air”

Ce document a été ouvert sur l’ordinateur le 12 mars 2016 mais, selon la défense d’Abdeslam, il est bien plus ancien ? “Ce ne sont que des paroles. Entre les paroles et le passage à l’acte, il y a une marge”, se dédouane-t-il aujourd’hui. A l’entendre aujourd’hui devant la cour d’assises, s’il a écrit de tels propos, c’était pour “donner des gages”.

Car, a-t-il poursuivi, “quand j’ai dit que ma ceinture avait des défauts, on ne m’a pas cru. J’ai dû donner des gages”. A l’entendre, quand il a dit qu’il voulait se rendre en Syrie, on lui aurait dit que c’était trop risqué. S’il était arrêté, “sous la torture, j’aurais pu donner des renseignements sur les caches”, a dit Abdeslam, qui pimente régulièrement son discours de tels propos, laissant entendre que la justice ou la police est capable d’infliger de mauvais traitements.

Mais à qui devait-il donner des gages ? Là, Salah Abdeslam se fait mystérieux : “Je ne répondrai pas”, dit-il, avant d’ajouter qu’“ils ne sont plus de ce monde”. Et de faire, comme il le dit “une confidence”. On lui aurait ainsi demandé s’il était prêt à faire une opération seul, si on lui confiait une Kalachnikov. “J’ai catégoriquement refusé. J’ai dit que je ne le ferai pas.”

Ce à quoi, on lui aurait alors dit qu’on allait lui trouver un chemin pour la Syrie car il n’avait plus rien à faire ici. Et de conclure qu’“il n’y a pas beaucoup d’alternatives quand on est embarqué dans ce genre de chose. C’est soit une opération et on meurt en martyr. Soit on retourne en Syrie. Moi, je voulais aller en Syrie”.

Il semble bien que la cellule n’ait pas eu initialement l’intention de frapper Bruxelles. Dans l’audio qu’ils ont envoyé à leur donneur d’ordre en Syrie quelques heures avant les attentats, les deux kamikazes de Zaventem indiquent que l’arrestation de Salah Abdeslam et la parution dans La Dernière Heure des noms des El Bakraoui, les ont convaincus de frapper rapidement sous peine d’être arrêtés.

Selon Mohamed Abrini, les plans initiaux étaient de frapper l’Euro 2016 de football organisé en France en juin 2016. La Belgique aurait dû être une base arrière. “Je n’ai jamais entendu parler de cela”, dit de son côté Salah Abdeslam, qui dit même ne jamais avoir entendu parler de projet d’attentats après le 13 novembre.

Et de citer, comme preuve de sa bonne foi, le fait qu’il “n’a rien à perdre. J’ai été condamné à perpétuité. Si je me défends, c’est par principe pour ne pas endosser toutes les responsabilités”. Et d’encore dire que lors du procès de Paris, il a assumé et ne s’est pas “caché derrière son petit doigt”.

« Je pourrais me comporter avec orgueil et dire je suis l’organisateur du 22 mars. Mais non”, dit-il.