Belgique

« Parler ici aurait été impossible il y a encore un an »: malgré son succès, le service citoyen attend toujours une reconnaissance au fédéral

Devant les élus, Bastien évoque sa mission à la maison des jeunes de Chimay, une expérience métamorphosante : “Parler ici aurait été impossible il y a encore un an. J’étais au plus bas. Vous ne m’auriez pas reconnu. Depuis lors, j’ai perdu du poids et gagné énormément de confiance en moi.”. Pour lui, pas de doutes, c’est le Service Citoyen qui l’a remis sur les rails. “J’avais commencé des études pour devenir assistant social, mais j’ai connu plusieurs échecs et j’ai complètement décroché avec le Covid. Je me suis retrouvé non finançable. Finalement ce n’est pas plus mal, ces études n’étaient pas faites pour moi”, confie-t-il avec un certain soulagement. Après un passage à vide de plusieurs mois, Bastien se rend alors sur le site de la Plateforme qui propose diverses missions dans les domaines de l’éducation, de l’aide aux personnes, de l’environnement ou de la culture. Il y trouve alors une mission de 6 mois en maison des jeunes. Avec l’encadrement, les journées de formations et la mise en place d’horaires réguliers, Bastien se remet en selle. Il découvre le monde de l’animation et décide, au terme des 6 mois, de reprendre des études dans ce secteur.

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Des retombées sociales et économiques

Le genre de trajectoire heureuse qu’ils sont nombreux à partager en ce début d’après-midi à la Chambre et dont le succès se marque aussi dans les chiffres. Selon la Plateforme pour un service citoyen, 75 % des expériences se soldent par une reprise de formations ou une reprise du travail. Sachant que 70 % d’entre les bénéficiaires sont des demandeurs d’emploi, étendre le service à grande échelle aurait aussi des retombées économiques.

Élargir et institutionnaliser le service citoyen : c’est d’ailleurs tout l’enjeu derrière cette journée de rencontres entre jeunes et politiques du fédéral, comme l’explique le directeur général de la Plateforme, François Ronveaux : “Nous attendons aujourd’hui la reconnaissance du statut et la mise en place d’un cadre légal par le gouvernement. Il s’agit de protéger le jeune avec une indemnité décente, un statut fiscal et une dispense de recherche d’emploi. Il faut que le service citoyen se normalise et puisse faire partie d’un parcours classique, voire encouragé.” Pour l’instant ce projet émanant de la société civile ne peut compter que sur des subsides régionaux et sur les aides du Fonds social européen. Faute de budget conséquent, ils ne sont que 600 environs à participer chaque année à l’expérience et ne touchent pas plus de 10 euros par jour.

Pourtant, à en croire les discours politiques, tous les membres de la Vivaldi s’accordent à reconnaître les bénéfices qu’offrirait une telle reconnaissance, à l’instar d’Alexia Bertrand (MR), Georges Gilkinet (Écolo) ou encore Patrick Prevot (PS) venus montrer leur soutien pendant la journée. Un soutien qui reste symbolique jusqu’à présent. Le ministre de l’Économie et du Travail Pierre-Yves Dermagne (PS) qui chapeaute le dossier avait avancé la somme de 8,4 millions pour permettre à 1000 jeunes de suivre un service citoyen dès 2024. Le projet n’a finalement pas vu le jour, la faute au conclave budgétaire de mars et aux économies faites par le gouvernement. Afin de relancer l’idée, des réunions intercabinet ont toutefois eu lieu ces dernières semaines entre les différents ministères compétents mais aucun montant n’a été annoncé pour l’instant. En off, plusieurs députés redoutent que l’initiative ne puisse pas être budgétée avant la fin de la législature.