France

Épinay-sur-Seine : Après la mort de deux ouvriers sans-papiers, des sous-traitants du BTP devant la justice

Ils avaient 34 ans et 29 ans, ils s’appelaient Kamel et Omar, et étaient sans papiers et sans formation. Ils sont morts en juin 2019 sur un chantier, à Epinay-sur-Seine en Seine-Saint-Denis, tués lorsque la nacelle sur laquelle ils travaillaient s’est décrochée. Qui est responsable de leur mort ? C’est ce que devra déterminer le procès qui s’ouvre ce lundi, à Bobigny.

Selon un rapport d’expertise cité par un avocat de la défense, « un défaut d’ancrage » de la nacelle a été identifié. « Le procès, qui sera très technique, va déterminer qui est le responsable de la défaillance », explique cet avocat sous couvert d’anonymat.

Sous-traitants

Les deux ouvriers participaient à la réhabilitation de la cité La Source, un chantier de 478 logements dont le bailleur est Plaine Commune Habitat, qui employait des entreprises sous-traitantes. Ils travaillaient à la rénovation thermique par l’extérieur d’un bâtiment lorsque la nacelle est tombée. D’importantes rafales de vent avaient touché la région parisienne ce jour-là, insuffisantes toutefois pour stopper les travaux, ont jugé les chefs de chantier.

Sitôt après l’accident, une enquête avait été confiée à la police judiciaire de Seine-Saint-Denis pour déterminer ses causes. Sollicités par l’AFP, les avocats des prévenus n’ont pas souhaité s’exprimer avant l’ouverture du procès lundi à 10 heures devant le tribunal correctionnel de Bobigny, prévu jusqu’à vendredi.

La France lanterne rouge pour les morts au travail

Sept hommes âgés de 37 à 61 ans sont poursuivis notamment pour « homicide involontaire » et « travail dissimulé ». Ils encourent jusqu’à cinq ans d’emprisonnement et 75.000 euros d’amende. Trois entreprises du BTP sont également sur le banc des prévenus en tant que personne morale.

Avec plus de 1.000 morts par an, la France est le pays de l’Union européenne qui compte le plus d’accidents et de décès au travail. En Ile-de-France, 38 morts ont été décomptés du 30 janvier au 30 août 2022 par l’Inspection du travail, contre 34 pour la même période en 2021. A Paris, la mairie a mis en place une charte « zéro mort au travail » pour limiter le recours à la sous-traitance et refuser les contrats avec les entreprises condamnées.