Belgique

Nathalie Buisseret, avocate de Guy Ullens : “Mon client a besoin de réponses, de comprendre cette tragédie, celle d’un fils qui tue sa belle-mère”

Guy et Myriam Ullens, la vie flamboyante d’un couple hors-norme

Comment s’est passée la reconstitution ?

Vous savez ce que représente une reconstitution, c’est remettre en scène tout le monde. Monsieur Ullens y a participé, c’était son souhait et il a partagé avec juge d’instruction, experts et autres ce dont il se souvenait. Cela s’est bien passé, mais cela reste un moment rempli d’émotions.

La reconstitution du meurtre de la baronne Myriam Ullens interrompue après le malaise de son beau-fils Nicolas, victime d’une « crise émotionnelle »

Guy Ullens a-t-il encore des souvenirs du jour du drame ?

Il se souvient d’absolument tout.

On a pourtant entendu qu’il avait eu quelques soucis de santé par le passé – dont un AVC – qui pourraient laisser des séquelles…

Il n’a pas eu d’AVC. C’est absolument faux, et je conteste formellement le fait que son état de santé ne serait pas bon.

Serait-ce des choses qui auraient été dites pour tenter de le décrédibiliser ?

Je ne sais pas. Mais si c’est le cas, c’est moche. Parce que c’est faux.

Comment va Guy Ullens ?

Je le trouve très fort, très vaillant. Il est également très lucide. Il souhaite deux choses. La première, c’est comprendre pourquoi ce drame a eu lieu. Deuxièmement, réhabiliter la mémoire de son épouse, parce qu’on a lu des choses qui sont moches et, surtout, qui sont fausses.

Qu’en est-il des informations selon lesquelles Guy Ullens donnait de l’argent à ses enfants ? Certaines sommes ont été évoquées, 50 000 euros par mois. C’est vrai ?

Je ne vais dévoiler aucun montant, mais ce que je peux dire, c’est que mon client a toujours été royal vis-à-vis de ses enfants et ses petits-enfants. En tout cas, il l’est toujours avec ses petits-enfants.

Qu’entendez-vous par “royal” ?

Cela signifie qu’il a donné sans compter, qu’il a participé à pleins de choses, qu’il a gâté ses enfants. L’enquête démontrera que personne n’a jamais manqué de rien dans l’entourage de Monsieur Ullens.

Pouvez-vous dévoiler des montants quant à sa richesse et ce qu’il donnait à ses enfants ?

Non, je refuse de divulguer ces informations. Mais je le répète : il était royal. Certes, il y a eu une césure quand ses enfants ont tenté de geler ses avoirs et qu’un procès a eu lieu. Mais ils n’y sont pas parvenus. C’était un épisode très dur. Pourtant, Monsieur Ullens va continuer à voir ses enfants, les entendre, à s’occuper de tous ses petits-enfants.

Mais sans plus leur donner de l’argent ?

Non.

Les relations se sont tendues à ce moment-là ?

Vous devez comprendre que ces tentatives de geler ses avoirs – de la part de ses quatre enfants – ont laissé un froid. Monsieur Ullens et Mimi ont pourtant toujours tenté de maintenir les liens, malgré tout. En fait, il y a toujours eu de la tension depuis que Mimi est entrée dans la vie de Guy. Elle n’a jamais été acceptée par les enfants de Monsieur Ullens. Pourtant, elle a tenté de maintenir des liens. Par exemple, le 31 janvier, jour d’anniversaire de Monsieur Ullens, elle a organisé quelque chose, et les enfants de Monsieur Ullens étaient tous invités. Elle a vraiment essayé jusqu’au bout de faire quelque chose d’agréable, qu’ils soient tous ensemble, mais je pense qu’elle n’a jamais été acceptée, malgré ce qu’on en a dit dans la presse.

Quand les enfants de Monsieur Ullens disent que Mimi dilapidait l’argent de leur père, que répondez-vous ?

Que c’est faux. Monsieur Ullens était impliqué dans les projets de Mimi, ils ont fait cela ensemble. Il a investi son temps et son argent. Il conteste tout ce qui a été dit, et n’a de cesse de répéter qu’il a agi dans tout ce qu’il faisait consciemment, qu’il a toujours fait lui-même ses propres choix, seul. Par exemple, lorsque Mimi était malade, il s’est rendu au Népal à sa place pour un projet. Là-bas, il est tombé sous le charme du projet et s’y est investi de lui-même. Ce sont donc des projets qu’ils menaient ensemble, c’était quelque chose de partagé.

Les enfants de Monsieur Ullens auraient-ils pu mal vivre tout cela ? Avaient-ils fait savoir que cela pouvait les offusquer ?

Je ne sais pas s’ils l’ont dit, je pense que la relation était compliquée depuis le début, à partir du moment où une femme est arrivée dans la vie de leur père et qu’elle a remplacé leur maman. C’est quelque chose qui, je crois, n’a jamais été accepté.

La reconstitution a-t-elle permis de lui apporter des réponses ?

C’est trop tôt pour le dire.

Est-ce vrai que le jour du drame, votre client a dit à son fils “si tu l’as tuée, tue-moi” ?

Je refuse de répondre à cette question. C’est lié à l’instruction et je souhaite qu’on respecte le secret d’instruction.

Mais pourquoi Nicolas Ullens en est arrivé à un tel drame ?

Je pense qu’il faut lui poser la question à lui. En tout cas, ce matin-là, rien ne permettait de laisser entendre qu’une telle tragédie allait se jouer. Personne n’aurait jamais imaginé qu’il y aurait eu un mort. Quand Guy parle de Mimi, il dit qu’elle a mis des couleurs dans sa vie. Il l’aime et il l’aimera toute sa vie.

Est-il conscient de la situation ? Est-il en colère contre son fils ? Contre ses autres enfants ?

En colère, je ne sais pas. Il est animé par un tourbillon d’émotions et de sentiments. En tout cas, il est resté en contact avec ses autres enfants et je crois que tous se posent 1001 questions.

A-t-il des regrets sur la façon dont les relations familiales étaient gérées ?

Encore une fois, je pense qu’il se pose 1001 questions. Lui et Mimi ont, en tout cas, fait tout ce qu’ils estimaient être bien dans l’intérêt de leurs enfants et leurs petits-enfants.

Se prépare-t-il à un futur procès ?

C’est trop tôt pour répondre à cette question. Il s’est constitué partie civile, et c’est un acte symbolique, puisque c’est contre son fils. Mais il le fait pour comprendre pourquoi sa femme – qu’il aimait éperdument depuis 33 ans -, a été tuée. Il a besoin de réponses, de comprendre cette tragédie, celle d’un fils qui tue sa belle-mère.

A-t-il l’intention de rendre visite à son fils en prison ? Est-ce qu’il lui en veut ?

Une visite ? C’est beaucoup trop tôt pour répondre à cette question. Quant au fait de lui en vouloir, je le répète : c’est une espèce de tourbillon de sentiments. Il y a parfois de la tristesse, parfois de la colère, mais il reste très digne. Très calme aussi. Il est très entouré par ses proches dont ses petits-enfants. Tout le monde essaie d’être là, mais tout le monde a une place particulière dans son entourage. C’est un homme bienveillant et les gens autour de lui le sont aussi. Mimi était également une personne bienveillante. Et ce qui a été dit à son sujet lui fait beaucoup de mal. Mon client ne voulait pas s’exprimer dans la presse, mais il souhaite qu’on arrête de faire un tel portrait de la femme qu’il aimait, et qu’il aime toujours. Parce que Mimi n’était pas ce qu’on dit d’elle. Elle n’était pas cette femme qui volait son argent. Ils s’aimaient. Il l’aime toujours. Et il a besoin de continuer son deuil en pensant à cet amour qu’il a pour elle.