Belgique

« L’université a été le théâtre d’une grande désillusion »

Le souvenir relaté ici remonte à ma soirée de proclamation après un cursus universitaire en information et communication. Une cérémonie orchestrée à l’américaine voulait nous voir parader en toge, recevant notre diplôme des mains du recteur. Au programme : roulements de tambours et discours triomphalistes, sans oublier le traditionnel lancer du chapeau en losange à la fin. Je me suis trouvé proprement incapable de surmonter ma réticence à jouer le jeu. J’y suis allé seul, en spectateur distant, perché sur le dernier strapontin en haut du gigantesque amphithéâtre, préférant ma chemise à carreaux et mon jeans à ce déguisement, que j’aurais volontiers porté si je n’avais croulé sous le poids de mes inquiétudes face à l’avenir, tout aussi flou qu’au moment de mon inscription.

Lors de mon inscription à l’université, j’imaginais que de profondes réflexions allaient être attendues de moi, appuyées sur de solides connaissances acquises auprès de spécialistes dont une partie de l’emploi du temps allait être consacrée à guider les jeunes comme moi vers le meilleur d’eux-mêmes. Aujourd’hui, j’admets que même si l’université m’a apporté certaines choses, elle a surtout été le théâtre d’une grande désillusion dont je garde le goût amer, treize ans après avoir reçu mon diplôme. Mes années d’étude ont plutôt consisté en l’étude passive de quantités faramineuses de matières dont il ne me reste pas grand-chose aujourd’hui. Ce n’était d’ailleurs pas tellement notre capacité à réfléchir qui était évaluée à coups de QCM que celle à ingurgiter et à restituer, à défaut de comprendre. Mes notes étaient de loin meilleures quand je me contentais de réciter les mots-clés de résumés glanés au cercle, que quand je bossais vraiment les cours pour me les approprier. Comme si l’être humain était une vasque vide à remplir, et que le seul but de l’université était de gagner au Trivial Pursuit.

Mon conseil aux jeunes est le suivant : ayez une boussole intérieure, et armez-vous de convictions profondes, du moins plus profondes que le seul désir d’obtenir un diplôme, qu’il ne faut pas voir comme une finalité en soi. Le mien n’est plus qu’une ligne sur un CV et je suis heureux de voir que ma désillusion a été le point de départ vers une bifurcation tardive que je me suis donné le temps prendre après avoir fait table rase de ces années perdues.

Notre conseil : Prenez le temps de voir les différentes options qui s’offrent à vous. Université, haute école, école supérieure des arts, promotion sociale, cours en alternance… Aucun chemin n’est supérieur à l’autre. Le plus important est de trouver la voie qui vous correspond et dans laquelle vous vous sentez à l’aise.


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