Belgique

Le bouddhisme fera-t-il sont entrée à l’école ? Le flou persiste

Pour bien comprendre la problématique, il faut se plonger dans la Constitution belge. Le bouddhisme sera reconnu en tant que “philosophie non-confessionnelle”, un terme qui figure dans le paragraphe 2 de l’article 181 de la Constitution et qui concerne jusqu’à présent la laïcité organisée. Le bouddhisme ne sera pas considéré en tant que culte, comme le sont, par exemple le catholicisme, l’islam ou le judaïsme.

Une seule morale ?

La nuance à son importance si l’on s’intéresse à la question de l’école puisque la Constitution prévoit aussi – dans son article 24 – que “les écoles organisées par les pouvoirs publics offrent, jusqu’à la fin de l’obligation scolaire, le choix entre l’enseignement d’une des religions reconnues et celui de la morale non confessionnelle”.

La Constitution parle bien de la morale – au singulier. Cette disposition avait été ajoutée au moment de la reconnaissance de la laïcité organisée qui, de fait, a jusqu’à présent le monopole sur la morale non confessionnelle. Mais ce monopole pourrait bien échapper à la laïcité organisée si le bouddhisme était considéré à son tour comme une morale non confessionnelle.

Problème de traduction

Pour l’Union Bouddhique Belge (UBB), l’interlocuteur officiel de l’État belge qui fédère 35 associations à travers le pays, il n’est pas question d’être assimilé à une religion, selon la définition reprise dans la Constitution belge. “Le terme ‘religion’ pourrait convenir si on précise que le bouddhisme est une religion sans Dieu”, nuance Carlo Luyckx, président de l’UBB. La grande majorité des articles de la Constitution parle d’ailleurs de cultes, et non de religion. “Mais l’article 24 mentionne le choix entre l’enseignement d’une des religions reconnues et celui de la morale non confessionnelle. Mais cela devient en néerlandais “godsdiensten” (littéralement ‘services à Dieu’)”. Ce qui n’est pas acceptable selon l’UBB.

Si le bouddhisme n’est pas repris comme une morale non confessionnelle, ni comme une religion, il faudrait alors le penser comme une troisième option à intégrer dans la Constitution. Tous les spécialistes ne partagent toutefois pas cet avis. Pour certains, la morale peut très bien s’entendre de façon plus ouverte et intégrer le bouddhisme.

La Fédération s’interroge

Du côté de la Fédération Wallonie-Bruxelles, on aurait préféré que cette question soit tranchée avant le passage de l’avant-projet de loi devant le Conseil des ministres. Dans un courrier adressé en janvier au ministre de la Justice Vincent Van Quickenborne (Open VLD), le ministre-Président de la Fédération Wallonie-Bruxelles Pierre-Yves Jeholet (MR) et la ministre de l’Éducation francophone Caroline Désir (PS) interrogeaient déjà le cabinet fédéral sur la nécessité de modifier ou non la Constitution afin d’y ajouter une seconde morale non-confessionnelle, en l’occurrence le bouddhisme. Leur question est visiblement restée lettre morte puisque, dans une réponse parlementaire datant du 28 mars, la ministre de l’Éducation soulignait que le flou demeurait encore.

La réponse viendra donc du conseil d’État dans les prochains jours. Pour la Fédération, la question à son importance puisqu’elle va conditionner la façon d’organiser les horaires et le recrutement de certains enseignants et ce, dès la prochaine rentrée, dans l’enseignement officiel. Outre l’argument organisationnel, l’ajout d’un nouveau cours de religion ou de morale irait à rebours de la volonté de réduire le nombre d’heures de cours de religion au profit des heures de citoyenneté.