Belgique

Lâchée par ses alliés, accablée par la N-VA, Sarah Schlitz met fin à son calvaire en démissionnant

La conférence de presse durant laquelle Sarah Schlitz a annoncé sa démission.

Il y a eu, à tout le moins, un usage abusif du logo personnel de la jeune liégeoise. Et ses explications embarrassées au parlement n’ont pas convaincu. A-t-elle menti, comme l’affirment les nationalistes flamands ? A-t-elle tenté de dissimuler un comportement coupable en vue de se faire une pub gratuite aux frais du contribuable ? Ou bien, comme Sarah Schlitz le répète, le “logogate” n’est-il que le résultat d’une série de maladresses ?

Être Écolo, c’est plus dur ?

Peu importe, finalement. Pour un parti comme Écolo, qui a forgé son projet politique sur de hautes exigences éthiques, le simple fait de végéter dans une situation ambiguë rend intenable la position de ses responsables. Que l’ancienne secrétaire d’État Zuhal Demir (N-VA) ait également apposé son nom stylisé sur différents supports de communication d’organismes financés par de l’argent public ne l’aura pas sauvée : les verts francophones ne peuvent pas faire “comme les autres” et doivent respecter des standards plus élevés en matière de bonne gouvernance. “C’est dans notre ADN”, a d’ailleurs précisé Sarah Schlitz lors de l’annonce de sa démission.

Révélation après révélation, Sarah Schlitz s’est retrouvée de plus en plus isolée. Chez Écolo, ces derniers jours, on ne trouvait plus grand monde pour la soutenir publiquement. Au sein de la majorité fédérale, non plus. Le PS, le MR et Vooruit l’avaient lâchée il y a plusieurs jours déjà.

Du côté du 16, rue de la Loi, l’embarras commençait à se faire sentir. Dans son rôle de chef d’équipe, Alexander De Croo avait initialement défendu l’écologiste. Mais il est clair que la N-VA, dans l’opposition au fédéral, a saisi l’occasion pour tenter d’affaiblir le Premier ministre. Les nationalistes ont beau jeu de reprocher à ce dernier de s’être embarqué dans une majorité aux côtés d’une gauche francophone qui ne respecterait pas les règles…

S’accrocher aurait été un cadeau à la N-VA

En jetant l’éponge mercredi matin, la petite-fille de l’ancien bourgmestre de Liège, le socialiste Henri Schlitz, évitait également de donner une nouvelle tribune à Sander Loones. Après avoir fait tomber la libérale Eva De Bleeker, le député N-VA ne lâchait plus sa proie écologiste. Une commission parlementaire était annoncée mercredi à 14 heures et Sander Loones avait inscrit deux points à l’ordre du jour qui lui auraient permis de cuisiner, à nouveau, Sarah Schlitz en public.

Le portrait de Sarah Schlitz, emportée par « la polémique de trop ».

Ce jeudi, la séance plénière de la Chambre s’annonçait également tendue : un vote sur la motion déposée par le même député N-VA et réclamant la démission de la secrétaire devait avoir lieu.

En tentant de passer à travers ces deux épreuves politico-médiatiques et en s’accrochant à son poste, Sarah Schlitz se serait placée dans une position encore plus inconfortable. “La N-VA a fait de moi un symbole. En démissionnant, je leur enlève ce symbole”, a expliqué l’écologiste.

Pas la première polémique…

Le logogate, combiné à l’indignation qu’a suscitée la récente comparaison entre les critiques de la N-VA et… le nazisme, a eu raison de Sarah Schlitz. La polémique de trop, sans doute. Elle était déjà fragilisée. On se souviendra notamment que cette féministe à la forte personnalité avait fait trembler la Vivaldi par une désignation laissée à sa discrétion mais très chargée idéologiquement. Une certaine Ihsane Haouach avait été choisie par l’ex-secrétaire d’État comme représentante du gouvernement auprès de l’Institut pour l’égalité entre les femmes et les hommes. Musulmane voilée au profil militant, elle rendra sa démission après un tir de barrage des libéraux francophones qui réclamaient le respect d’une stricte neutralité de l’État.

Sarah Schlitz poursuivra désormais son combat en faveur de l’égalité depuis les bancs de la Chambre…

Démission de Sarah Schlitz - "Je poursuivrai la lutte dans un autre rôle mais avec autant d'engagement"
Sarah Schlitz, lors de la conférence de presse de mercredi : « Je poursuivrai la lutte dans un autre rôle mais avec autant d’engagement ». ©BELGA