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Etats-Unis : Disney poursuit le gouverneur de Floride Ron DeSantis, l’accusant de « vengeance » politique

Leur divorce est définitivement consommé. Disney a porté plainte mercredi contre le gouverneur de Floride Ron DeSantis, en assimilant les mesures du ténor de la droite dure américaine, qui a mis fin au statut spécial de l’entreprise dans son Etat, à une campagne de « vengeance ciblée » envers le groupe. Un bras de fer que commencent à critiquer Donald Trump et d’autres républicains, alors que DeSantis, qui fait durer le suspense sur une éventuelle candidature à la présidentielle, est vu comme l’adversaire le plus dangereux de Trump.

Le gouverneur a fait de la lutte contre le « wokisme » un de ses principaux chevaux de bataille : il accuse un groupe d’« élites » d’imposer leur idéologie progressiste à une société qui la refuse, et s’est engagé à y faire rempart sur ses terres. Pas encore déclaré pour la primaire républicaine, ce conservateur de 44 ans porte sa lutte contre Disney en étendard, dans ses discours comme dans sa récente autobiographie, où le sujet occupe un chapitre entier.

« Vengeance gouvernementale ciblée »

Dans sa plainte, Walt Disney Parks and Resort accuse DeSantis d’avoir orchestré une véritable « campagne » pour mener « une vengeance gouvernementale ciblée » à son encontre, pour le punir d’avoir exercé sa « liberté d’expression ». Cela « menace désormais les activités commerciales de Disney, met en péril son avenir économique dans la région et viole ses droits constitutionnels », argue l’entreprise.

Le groupe s’était attiré les foudres du gouverneur l’an dernier, en dénonçant un projet de loi qui restreignait l’enseignement des sujets en lien avec l’orientation sexuelle et l’identité de genre dans les écoles primaires de Floride, un texte baptisé « Don’t say gay » par ses détracteurs.

Depuis, DeSantis a supprimé en février le statut spécial de Disney dans son Etat, mettant fin aux avantages – facilités administratives, autogestion du site, emprunts avantageux, etc. – dont le parc d’attractions Disney World bénéficiait depuis les années 1960. A la suite de cette décision, un comité de régulation du tourisme nommé par DeSantis a approuvé mercredi l’annulation d’un accord commercial récemment passé avec le parc, qui emploie 75.000 personnes et attire 50 millions de visiteurs par an.

Disney a réagi en dénonçant dans sa plainte « une mesure de rétorsion, manifestement anti-commerce et manifestement inconstitutionnelle ». Le groupe estime qu’il « n’a pas d’autres choix que d’intenter cette action en justice pour protéger ses employés, ses clients et ses partenaires ».

Un combat « inutile », selon Trump

Début avril, le patron de Disney, Bob Iger, avait déjà accusé publiquement Ron DeSantis de prendre une « mesure anti-commerce » qui enfreignait « le droit à la liberté d’expression » de l’entreprise. Disney prévoit d’investir plus de 17 milliards de dollars dans Disney World au cours de la prochaine décennie, de créer plus de 10.000 emplois et d’attirer encore plus de touristes en Floride, avait-il souligné.

DeSantis, qui se pose en soldat de la « guerre culturelle », est globalement soutenu par la base trumpienne dans ses croisades anti-LGBT. Mais s’attaquer à Disney pourrait être un mauvais calcul. Sur Truth Social, Donald Trump a dénoncé un combat « inutile » et un « coup politique », avec Disney qui risque « d’annoncer qu’ils n’investissent plus d’argent en Floride à cause du gouverneur ». Chris Christie, qui réfléchit lui-aussi à une éventuelle candidature, a accusé DeSantis de ne pas être un « conservateur », en étant « anti-business ».

Mi-avril le gouverneur a publiquement envisagé de construire une « prison d’Etat » près de Disney World, ou bien un parc d’attractions concurrent. Il a aussi évoqué l’idée de mettre en place des taxes supplémentaires sur les hôtels du site, ou des péages routiers autour. « Je pense que les possibilités sont infinies », avait-il lancé, bravache, lors d’une conférence de presse.