Belgique

La ministre de la Défense Ludivine Dedonder répond aux critiques: “Ceux qui polémiquent étaient au pouvoir lors des négociations”

“Il faut déjà savoir que lorsque j’arrive à la tête du département, je me rends compte qu’il y a eu une sous-estimation budgétaire dans ce dossier en 2018. J’entends également que les frégates seraient moins équipées que les frégates néerlandaises, ce qui n’est pas une première. Mais pour moi, c’est impensable. Et comme nous sommes maintenant en 2023, s’ajoutent également l’inflation et l’augmentation du coût des matériaux due aux différentes crises que l’on a pu connaître. On arrive donc à un supplément budgétaire qui est important”.

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Aucun retour industriel n’est également prévu à l’époque.

“Ça ne va pas non plus dans la logique qui est la mienne aujourd’hui. L’objectif, c’est l’interopérabilité entre les défenses belges et néerlandaises. Il est hors de question que mon personnel travaille dans des conditions inférieures à celles dans lesquelles les Néerlandais vont évoluer. Nous avons donc une augmentation budgétaire équivalente entre l’inflation et l’adaptation technologique nécessaire. Les responsables de la Défense à l’époque ne l’ont pas budgété et donc je la reprends à ma charge maintenant. Personnellement aussi parce qu’il était hors de question qu’on n’ait pas de retombées industrielles”.

Sait-on à combien ces retombées sont-elles estimées ?

“On parle d’un retour industriel de 355 millions d’euros. Notre objectif, c’est que les Pays Bas achètent dans l’industrie de sécurité de défense à concurrence de cette somme. On sait qu’il y a des entreprises qui vont se positionner. Nous avons en Belgique des entreprises extrêmement intéressantes dans ce domaine. Je pense donc que les Pays-Bas auront largement le choix pour équiper leur défense via ce matériel acquis en Belgique. Et comme avec les chasseurs de mine, ces nouvelles technologies permettront également de génénrer de nombreux emplois”.

L’opposition se montre toutefois très critique envers ce surcoût, notamment le député Georges Dallémagne (Les Engagés) qui réclame un débat public sur l’ensemble de ce programme militaire.

“Beaucoup de choses qui ont été dites ne sont pas justes. Mais ce n’est pas la première fois qu’on présente un dossier en commission des achats militaires avec ici plus de sept heures d’échanges et de discussion autour du sujet. Des techniciens de la défense étaient présents donc dire qu’il n’y a pas eu d’information n’est vraiment pas correct au-delà. Dire que l’avis de l’inspecteur des finances était négatif est faux également. Il y a ceux qui font de la récupération politique et ceux qui font avancer la politique. Ici, on est vraiment dans un jeu politique qui est certes fatigant, mais surtout risible. Ce sont d’ailleurs les mêmes qui essayent de faire polémique aujourd’hui et dont les partis étaient au pouvoir au moment des négociations”.

Sait-on au détriment de quel autre poste prévu par la loi-programme militaire va-t-on payer ce surplus ?

“Cette situation est avant tout liée à une mauvaise estimation à l’époque et à la réalité économique d’aujourd’hui. Mais on sait aussi d’expérience qu’il y a des dossiers qui prennent plus de temps que d’autres dans le cadre de la loi de programmation militaire. À ce stade, une analyse est en cours mais l’objectif est de ne laisser aucun projet de côté, ni de le geler. On ne veut pas non plus supprimer un autre dossier”.

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