Belgique

La menace de Georges Gilkinet en plein conclave budgétaire : « Si c’est comme ça, on peut aussi aller aux élections en mai »

Agacé par les difficultés et les divergences au sein de la majorité fédérale à l’égard du nombre de réacteurs nucléaires à prolonger et de l’investissement de la Belgique dans les petits réacteurs ultramodernes SMR, le vice-Premier ministre Écolo, Georges Gilkinet s’est montré cassant.

À trois reprises

Lors d’un kern budgétaire mardi soir et lors d’une précédente réunion du même type tenue lundi, le chef de file des verts francophones au fédéral a partagé son mécontentement : “Si c’est comme ça, on peut aussi aller aux élections en mai”. Cette phrase a été prononcée au total à trois reprises, confirment plusieurs informateurs.

Georges Gilkinet laissait entendre que les écologistes pourraient faire tomber le gouvernement fédéral s’ils n’obtenaient pas satisfaction sur le nucléaire. ” Son intervention était liée au cirque qui a eu lieu mardi en commission Énergie à la Chambre”, tempère une source fédérale. Cette dernière ne pense pas que la famille écologiste souhaite réellement débrancher la prise de l’exécutif dirigé par Alexander De Croo : “Il faut faire la différence entre des propos qui sont tenus lors d’une réunion entre ministres et, par exemple, une déclaration dans le cadre d’une interview”.

Pour Georges Gilkinet, prolonger plus de deux réacteurs nucléaires est dangereux: « Les normes internationales de sécurité sont essentielles »

Pas de commentaire de Georges Gilkinet

Contacté ce mercredi, le vice-Premier ministre Écolo n’a pas souhaité faire de commentaire à propos de cet avertissement politique qu’il a lancé à plusieurs reprises à ses collègues fédéraux.

Quel est le contexte tendu qui a justifié ces déclarations ? Pour rappel, le gouvernement fédéral est en cours de négociation avec Engie sur la prolongation des réacteurs de Doel 4 et Tihange 3. Dans la majorité, le CD&V et les libéraux essaient d’aller plus loin et de prolonger d’autres réacteurs en forçant la main aux écologistes. Ils veulent également une modification de la loi de 2003 sur la sortie du nucléaire pour y inclure le développement des SMR, réacteurs modulaires de nouvelle génération.

Sortie du nucléaire: la majorité reporte la discussion sur les centrales

Mardi, lors d’une séance houleuse de la commission Energie de la Chambre, la majorité a finalement décidé de reporter au mois prochain la discussion des propositions de loi sur la construction de nouvelles centrales nucléaires.

Dans ce contexte conflictuel, la ministre de l’Énergie Tinne Van der Straeten (Groen) doit déposer au parlement un projet qui, notamment, tracerait la route vers le développement des SMR. Tinne Van der Straeten veut inclure ces SMR dans une loi sur la mise en place d’un système énergétique neutre en carbone d’ici 2050. Mais elle n’avancerait pas assez vite, selon certains députés “vivaldiens”.

”On a mis la pression aux écolos”

Une réunion entre les différents cabinets a eu lieu mardi matin, juste avant la commission parlementaire. Les collaborateurs de Tinne Van der Straeten y ont défendu un premier projet. Mais ce document n’a pas été validé par les partenaires gouvernementaux des verts. “Le texte n’est pas bon, tout reste à faire du côté de la ministre”, déplore un député libéral. On sent que les écolos n’ont pas envie que ça fonctionne sur les SMR. Alors, on leur a mis la pression.

Les SMR intégrés dans un projet de loi plus vaste de la ministre de l’Énergie