Belgique

La gare du midi point névralgique du trafic de drogue à Bruxelles : Le politique doit agir au plus vite car cette guerre touche tout le monde”

Pour Jurgen de Landsheer, le point névralgique, c’est la gare du Midi, très proche et qui nuit à Anderlecht et ses environs. Le policier pointe d’ailleurs ouvertement la mauvaise gestion sécuritaire et sanitaire de ce lieu de passage important dans la capitale. “Il y a une diversité de partenaires concernés, mais les actions de chacun sont différentes. Entre ce que fait le communal, le fédéral, la SNCB, la Stib, personne ne s’y retrouve. C’est un nœud complexe, avance le policier. Ce que nous constatons – et ça n’est pas neuf –, c’est que la gare du Midi concentre de nombreuses nuisances liées de près ou de loin aux stupéfiants. Pourtant, notre zone de police ne reçoit aucun soutien spécifique alors que ceux qui souffrent le plus de ces nuisances, ce sont les riverains.”

Et d’ajouter : “Il ne faut surtout pas négliger l’influence de la gare du Midi sur notre territoire et qui attire – comme c’est le cas dans toutes les gares fort fréquentées des grandes villes – énormément de gens problématiques pour lesquels plusieurs types d’acteurs doivent intervenir. Par exemple, il faut davantage de présence socio-médicale au vu de l’augmentation de la consommation de crack sur notre territoire. Et ce phénomène touche Anderlecht parce que nous sommes proches de la gare du Midi et non à cause des habitants de Cureghem. Pourtant, ce sont ces derniers qui vont subir les nuisances liées à la consommation de cette drogue prisée par un public particulièrement compliqué à appréhender.”

Le bourgmestre d’Anderlecht se dit également dépassé par cette situation. “A notre niveau, nous faisons ce que nous pouvons pour maintenir les lieux dans un état convenable, mais c’est impossible d’y arriver sans davantage de soutiens et de moyens.”

Fabrice Cumps bourgemestre d'anderlecht avec le chef de corps de la police
Fabrice Cumps bourgemestre d’anderlecht avec le chef de corps de la police ©ennio cameriere
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C’est inacceptable que quelqu’un qui arrive dans la plus grande gare du pays ne puisse pas trouver un bureau de police à disposition en cas de problème

Une gare sous la responsabilité de la zone de police locale

Pour mieux appréhender la situation, le chef de corps estime qu’il faut analyser les besoins dans et en dehors de la gare. “C’est actuellement la police fédérale qui a la main sur ce lieu, mais vu tout ce qui s’y passe, il faut indéniablement plus d’effectifs”, poursuit-il. Et de proposer que, dorénavant, ce soit sa zone de police qui mène les actions sur le terrain. “Pour moi, la zone de police midi pourrait s’en charger seule. À condition que l’on nous permette d’engager 120 policiers spécifiquement dédiés à cette gare.”

Le bourgmestre Fabrice Cumps abonde dans le même sens. “Cela peut paraître beaucoup, mais 120 policiers, ce n’est pas grand-chose. Et les effets positifs seront bénéfiques pour tout le monde. Si on nous donne les moyens, on fera mieux que ce qui se fait actuellement”.

Et Jurgen de Landsheer de poursuivre : “Aujourd’hui, il n’y a même pas un simple petit bureau de police dans cette gare. C’est inacceptable que quelqu’un qui arrive dans la plus grande gare du pays ne puisse pas trouver un bureau de police à disposition en cas de problème. Cela existe dans toutes les grandes gares de toutes les grandes villes, mais pas à Bruxelles.”

Bénéfique pour tout le monde

Est-ce un message à destination du politique ? Nos interlocuteurs esquissent un léger sourire. “En tout cas, c’est le moment de replacer la question à l’agenda politique et de rappeler au gouvernement – surtout au futur gouvernement fédéral -, que nous, au niveau communal, nous ne restons pas sans rien faire. Mais malgré nos bonnes intentions, nous n’y arriverons pas seuls.”

Et les deux hommes de conclure : “Nous constatons un changement au niveau local. C’est très bien, mais nous sommes conscients que cela ne suffit pas, qu’à côté de cela, il faut également une politique répressive plus efficace. Problème – et La Libre en a parlé – le parquet du procureur du Roi de Bruxelles n’est même plus en mesure de poursuivre certaines infractions par manque de moyens également. Le politique doit donc agir au plus vite, parce que nous sommes tous concernés. Pas juste Anderlecht, mais l’ensemble du territoire. Car cette guerre contre la drogue et ses conséquences, elle touche tout le monde”.