Belgique

Jean-Michel Javaux (Écolo) se jette dans la bataille fédérale et sera candidat à Liège: « Notre liste sera très, très forte »

Une demande du parti

Je n’avais pas remis de candidature, précise immédiatement Jean-Michel Javaux, car je voyais monter à Liège une jeune génération dynamique : Samuel Cogolati (député fédéral), Rodrigue Demeuse (député wallon), Nicolas Parent (ex-député fédéral), Sarah Schlitz (députée fédérale)… Mais, pour compléter la liste, tant ces personnes que Jean-Marc Nollet et Rajae Maouane m’ont demandé de me présenter. Ils m’ont dit que le moment était important et qu’il s’agissait d’élections charnières. Je vais soutenir la liste fédérale. A priori, c’est pour une place non-éligible. Il y a un siège en moins à Liège et garder trois élus sera un combat énorme. Mais notre liste sera très, très forte.”

guillement

Je vais soutenir la liste fédérale. A priori, c’est pour une place non-éligible. Il y a un siège en moins à Liège et garder trois élus sera un combat énorme. Mais notre liste sera très, très forte.« 

Cette semaine, justement, Écolo a marqué les esprits en annonçant l’arrivée de l’ex-judokate Charline Van Snick sur la liste fédérale liégeoise. Et, désormais, l’appui de Jean-Michel Javaux va donner du lustre au dispositif électoral des verts. “Ce n’est pas fini…”, glisse-t-il. Son regard malicieux laisse entendre que d’autres annonces sont à venir.

Le député Samuel Cogolati (Ecolo) nommé pour le prix du « politicien de l’année » du forum One Young World

Pourquoi le fédéral ? Jean-Michel Javaux a presque toujours été candidat à la Région : 1999, 2004, 2009… “Il y a un momentum au fédéral. Je suis bourgmestre depuis 18 ans et j’ai coordonné l’action des 31 bourgmestres de Huy-Waremme durant la crise Covid et la crise des inondations. Je suis aussi vice-président de l’hôpital de Huy. Je veux porter au fédéral des sujets dont je connais l’impact gigantesque au niveau local et qui me passionnent depuis des années.

Le MR, les cow-boys et les Indiens…

Jean-Michel Javaux, c’est aussi un style politique. Il préfère construire des ponts entre de lointaines rives plutôt que de les détruire. “Je veux amener dans cette campagne 50 nuances de politique, 50 nuances de respect, 50 nuances d’arguments contradictoires. J’adore écouter l’avis des experts et j’accepte la critique des journalistes. Je n’aime pas le côté binaire des ‘50 nuances de gauche (le slogan de la récente campagne d’affichage du MR, NdlR). Je n’ai pas envie de jouer aux cow-boys et aux Indiens… Je n’aime pas toutes ces injonctions à choisir un camp : le soutien à l’agriculture ou le soutien à l’environnement, les travailleurs ou les chômeurs, Israël ou Palestine… Je condamne avec fermeté le Hamas, qui est une organisation terroriste, et je condamne également la riposte disproportionnée du gouvernement israélien qui fait des dizaines de milliers de victimes.

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Je veux amener dans cette campagne 50 nuances de politique, 50 nuances de respect, 50 nuances d’arguments contradictoires. Je n’aime pas le côté binaire des 50 nuances de gauche (du MR) »

Zakia Khattabi pouvait difficilement ignorer que le Hamas est considéré comme une organisation terroriste

Lorsqu’il était à la tête d’Écolo, celui que l’on surnomme “Jean-Mi” a mené plusieurs négociations au plus haut niveau. Aujourd’hui encore, il perçoit, après le 9 juin, un risque important pour le pays. Ce contexte a pesé en faveur de sa candidature à la Chambre. “Mon obsession ne porte pas que sur la campagne ou les élections du 9 juin. Elle porte sur l’après-élection, lorsqu’il faudra faire des gouvernements. Il faudra pouvoir comprendre ce que les Flamands demandent et aider les partis qui, au nord, ne veulent pas tomber sous la coupe ou sous l’influence du Vlaams Belang.

Il est vrai que l’ancien patron de Vooruit, Conner Rousseau, avait été amené à démissionner après des propos racistes anti-Roms. “On voit ce que donne la contagion culturelle par les populistes… Il s’est passé des choses chez Vooruit qui auraient été totalement inenvisageables il y a quelques années encore. Moi, je fais le pari d’oser mener des débats nuancés et complexes. Tout en restant à ma place, hein. Je ne suis pas tête de liste.

En appui pour de futures négociations ?

Si des discussions institutionnelles étaient exigées par les formations flamandes après le scrutin, Jean-Michel Javaux pourrait-il participer aux discussions ? Il a une grande expérience dans ces dossiers épineux, lui qui avait participé directement à la préparation de la sixième réforme de l’État. “Je l’ai dit aux coprésidents : je suis à leur disposition. Dans mes fonctions actuelles (comme président de Noshaq, ex-Meusinvest), j’ai la chance de travailler beaucoup avec la Flandre. Par ailleurs, je regrette la mise sur le côté de Didier Reynders au MR : il connaît très bien les questions institutionnelles et la Flandre. Et Elio part vers l’Europe, alors qu’il a été capable de nouer des accords pour la dernière réforme de l’État. Joëlle Milquet n’est plus là non plus.

Recasage en vue pour Didier Reynders : après avoir été évincé de la liste européenne par Charles Michel, il est candidat à un haut poste international

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Je regrette la mise sur le côté de Didier Reynders au MR, qui connaît très bien les questions institutionnelles et la Flandre. »

Wilmès plutôt que Bouchez

Paul Magnette, le président du PS, veut mettre les libéraux en dehors des gouvernements après les élections. En les remplaçant, par exemple, par Les Engagés, le mouvement dirigé par Maxime Prévot. Le MR reste-t-il un partenaire potentiel pour les verts ? “Ce n’est pas mon rôle de trancher cela. Il est toutefois évident que, sur pas mal de sujets, il y a un retour des forces conservatrices. On a l’impression que certains veulent revenir en arrière sur la transition énergétique et climatique : ce serait une erreur sans nom, que l’on paierait très cher plus tard. De même, j’ai été très choqué par les attaques (venant de Georges-Louis Bouchez) contre les mutuelles, les corps intermédiaires, l’associatif, les ONG. À l’inverse, je sais travailler avec des personnalités comme Sophie Wilmès. Les bonnes coalitions seront celles qui ne mettront pas l’écologie en variable d’ajustement.

Contrer Les Engagés ?

Parlons tactique. Pour les verts, coller le nom “Javaux” sur la liste principautaire, c’est aussi une manière de lutter contre une percée des Engagés. Le mouvement héritier du CDH se place au centre de l’échiquier politique et a développé un solide programme environnemental. Un concurrent direct, donc. “J’ai présidé Écolo pendant 10 ans et mon premier congrès, en 2004, s’intitulait : l’écologie, c’est l’avenir de l’économie. Mon premier message était de dire que, non, tous les ouvriers ne votent pas socialiste ; que, non, tous les chefs d’entreprise et les indépendants ne votent pas libéral ; que, non, tous ceux qui sont impliqués dans la sphère associative ne votent pas PSC ou CDH. Et qu’Écolo a des réponses pour ces publics.”

Une difficulté, peut-être. Sarah Schlitz figure à la tête des candidats écolos à Liège. L’ancienne secrétaire d’État à l’Égalité des Chances avait dû quitter le gouvernement De Croo par la toute petite porte, emportée par le “logogate”. Jean-Michel Javaux a-t-il douté avant d’accepter une place sur la liste qu’elle emmène ? “Je garde confiance en elle. Elle a été mise au pilori. Sarah casse les codes et elle ne laisse pas indifférent. Elle est capable de prendre des coups et d’y répondre.

Sarah Schlitz, la démission d’une écologiste emportée par la polémique de trop…

Le beau portefeuille des Affaires étrangères…

Et si la candidature de Jean-Michel Javaux aux élections amorçait son retour au premier plan, par exemple comme ministre? Elucubrations journalistiques? “Je suis à la disposition du parti. Il y a des domaines où je me sens à l’aise mais je refuse l’imposture, les domaines hors de mes compétences. Écolo a été plusieurs fois dans des gouvernements et le parti n’a jamais osé prendre certains portefeuilles où nous pourrions être très utiles. Finances, Pouvoirs locaux, etc. Des compétences régaliennes. Pourquoi pas l’Intérieur ? Mais, ma passion, c’est les Affaires étrangères. Il est certain que s’il y avait une ouverture dans ce domaine… J’ai fait des études en relations internationales. Au début de ma carrière, je voulais travailler à l’ONU ou à l’Europe.

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Ma passion, c’est les Affaires étrangères. Il est certain que s’il y avait une ouverture dans ce domaine… J’ai fait des études en relations internationales. Au début de ma carrière, je voulais travailler à l’ONU ou à l’Europe.« 

Les Affaires étrangères, cette chasse gardée des libéraux…

Jean-Michel Javaux est le président du conseil d'administration de Noshaq.
Jean-Michel Javaux est le président du conseil d’administration de Noshaq. ©MICHEL TONNEAU