Belgique

Espionnage chinois: une fuite de messages montre comment la Chine a tenté d’utiliser des membres du Vlaams Belang

Comment l’affaire Creyelman, ex-député et taupe des renseignements chinois, pourrait changer la donne en matière de réforme pénale

Membres du Vlaams Belang

Dans ses discussions avec Daniel Woo, agent des renseignements du ministère chinois de la sécurité d’État, Frank Creyelman n’a pas manqué de partager d’autres noms de députés du Vlaams Belang, révèle De Tijd. Notamment celui de Johan Deckmyn, de Gand, qui est vice-président de la commission des affaires étrangères au Parlement flamand. Le 20 août 2022, l’informateur rapporte à Daniel Woo avoir demandé à Johan Deckmyn d’approuver un texte sur le Xinjiang par le Parlement flamand. Le Xinjiang est une région autonome du nord-ouest de la Chine où résident les Ouïghours, une minorité musulmane turcophone. Cette dernière ferait l’objet de persécutions orchestrées par le gouvernement chinois.

Le député flamand Sam Van Rooy a également été mentionné par Creyelman comme une personnalité intéressante. Le membre du Vlaams Belang s’avère être le chef de groupe à Anvers, où se trouve “l’un des plus grands ports du monde”.

Frank Creyelman a aussi fait parvenir les noms de l’ancien député Dries Van Langenhove, du député flamand Kristof Slagmulder et celui du député européen Tom Vandendriessche expliquant qu’après avoir obtenu la majorité en 2024, “ces hommes pourront occuper des postes ministériels”. Daniel Woo a indiqué qu’il ne souhaitait pas seulement que ces membres du parti recueillent des informations, mais qu’ils jouent un rôle d’influence en faveur de la Chine notamment par des interventions au Parlement.

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Démenti

Le journal néerlandophone rapporte qu’il n’existe toutefois aucune preuve que Frank Creyelman ait réussi à influencer ces membres du Vlaams Belang. “Il est également difficile de vérifier si les députés du Vlaams Belang concernés ont eu des conversations avec M. Creyelman au sujet des intérêts chinois. Il est possible qu’il ait berné les Chinois pour obtenir un pot-de-vin”, a commenté De Tijd. Interrogés par le journal flamand, les membres du Vlaams Belang cités plus haut ont affirmé que Frank Creyelman ne les avait jamais sollicités avec ces demandes.

Les interventions parlementaires de ces membres du parti flamand suggèrent que ces derniers se sont renseignés à plusieurs reprises au sujet de la politique par rapport à la Chine, mais que la formulation de leurs questions était toujours élaborée de manière critique envers le pays.