Belgique

Egbert Lachaert (Open VLD) : “La gauche francophone joue un jeu très dangereux et met en danger la Belgique”

En tout cas, il y aura encore un parti libéral en Flandre. Entre 20 et 25 % des électeurs flamands sont prêts à voter pour un parti libéral fort. Sur le plan des personnalités politiques à renouveler, mon successeur, Tom Ongena, est en train d’y travailler et je le soutiens. Toutefois, sur le contenu et sur la manière de faire de la politique, il faudra aussi un renouvellement. On est au pouvoir depuis 25 ans. Le plus grand problème à l’Open VLD, c’est que des décideurs importants pensent que gouverner suffit pour convaincre les gens.

guillement

Le plus grand problème à l’Open VLD, c’est que des décideurs importants pensent que gouverner suffit pour convaincre les gens.« 

Vous évoquez Alexander De Croo, sans le nommer…

Alexander comprend qu’il faut un équilibre entre son rôle de Premier ministre et l’idéologie libérale. Mais il ne peut pas assumer cette ligne personnellement car il doit assumer son rôle de chef du gouvernement. L’ABC de la politique n’est pas compliqué : il faut des convictions ; il faut fixer les thèmes que l’on veut défendre ; il faut se battre pour ses convictions. C’est le dernier point qui a été perdu de vue, chez nous, ces dernières années : se battre pour les idées libérales est mal vu car cela coince vis-à-vis des accords de majorité. L’Open VLD doit vraiment retrouver sa fierté et faire monter une nouvelle génération de responsables. Pour revenir à votre première question, oui, l’Open VLD existera encore en 2024 mais sous une autre forme.

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Alexia Bertrand (Open VLD), secrétaire d’État au Budget, pourrait créer une liste libérale indépendante à Bruxelles si une liste commune MR/Open VLD (où elle pourrait occuper la troisième place) ne pouvait être constituée en vue des élections fédérales.

Créer un nouveau parti libéral à Bruxelles n’est pas une solution optimale. Avec la liste commune, on serait plus fort. Alexia le sait très bien. Elle a encore beaucoup d’affection pour le MR, elle a d’ailleurs gardé sa carte de parti après son arrivée à l’Open VLD. Comme président, j’ai soutenu la création d’une liste commune à Bruxelles. Les contacts étaient bons. Mais, désormais, le MR attend de voir ce qu’il se passe à l’Open VLD et quelle ligne politique sera suivie. Le MR attend aussi des assurances sur sa participation à une future majorité régionale bruxelloise (actuellement, l’Open VLD gouverne sans le MR).

Egbert R. Lachaert, né le 4 juillet 1977 à Gand est un avocat et homme politique belge flamand, membre de OpenVLD, il officie en tant que président de ce parti du 22 mai 2020 au 23 septembre 2023
©cameriere ennio

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L’Open VLD aura payé fort cher pour le “16”…. Fallait-il accepter la fonction de Premier ministre ?

Le gouvernement fédéral a très bien traversé les crises : celle du Covid et, ensuite, la crise énergétique provoquée par l’invasion de l’Ukraine. Par contre, le gouvernement souffre plus lorsqu’il s’agit de mener des réformes : réforme fiscale, réforme du marché du travail… Des partis émettent des veto et ça bloque tout. Pour l’Open VLD et pour le CD&V, c’est un problème. Nous avons pris un risque en montant dans la Vivaldi en laissant dans l’opposition les deux plus grands partis flamands, la N-VA et le Vlaams Belang. Dans la Vivaldi, cette dernière année a été particulièrement compliquée. Alexander veut tout faire pour que son gouvernement fonctionne et, par conséquent, les relations ont été extrêmement tendues entre Alexander et moi. Même si cela n’est jamais devenu personnel. On s’est parlé à plusieurs reprises depuis cet été et tout va bien entre nous. Je comprends la situation dans laquelle il se trouve.

guillement

Les relations ont été extrêmement tendues entre Alexander et moi. Même si cela n’est jamais devenu personnel. On s’est parlé à plusieurs reprises depuis cet été et tout va bien entre nous. »

Ressentez-vous de l’amertume après la séquence qui a conduit à votre démission ?

Quitter le poste de président a été une libération personnelle. Être le président du parti qui dispose du poste de Premier ministre est extrêmement compliqué. Il ne faut pas sous-estimer ce facteur.

Prime Minister Alexander De Croo and Open Vld's chairman Egbert Lachaert pictured during the traditional new year's reception of Flemish liberals Open Vld, in Brussels, Monday 23 January 2023. BELGA PHOTO BENOIT DOPPAGNE
Alexander De Croo et Egbert Lachaert. Les deux poids lourds du libéralisme flamand ont connu des moments de tension. ©Belga

”Pour le PS, tout ce qui gène la FGTB est un problème”

Les partis de la Vivaldi n’ont pas aidé. Le MR et le PS n’ont cessé de se chamailler

La mise en place de la Vivaldi impliquait de protéger l’Open VLD et le CD&V contre le Vlaams Belang et la N-VA. Mais ce principe n’a pas été respecté. Par exemple, sur la réforme du marché de l’emploi, je m’attendais à ce que des socialistes comme Dermagne et Dermine se montrent modernes comme l’est Vooruit (le parti socialiste flamand). Mais, pour le PS, tout ce qui gène la FGTB est un problème. La gauche francophone joue un jeu très dangereux et met en danger la Belgique : si les partis de centre-droit flamands arrivent avec un score minimal aux prochaines élections, on risque d’avoir un scénario catalan en Flandre.

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Si les partis de centre-droit flamands arrivent avec un score minimal aux prochaines élections, on risque d’avoir un scénario catalan en Flandre.« 

C’est-à-dire ?

Le Vlaams Belang et la N-VA pourraient obtenir une majorité en sièges au parlement flamand. Beaucoup de déçus des partis traditionnels pourraient voter Belang et donner à l’extrême droite un score encore plus important que ce que prédisent les sondages. Or, 75 % de l’électorat de la N-VA est en faveur d’une coalition avec le Belang, selon les sondages. Bart De Wever ne veut pas constituer de coalition avec le VB, mais sa position sera alors intenable. Selon ce scénario catalan, il y aura une majorité au parlement flamand pour bloquer tout le pays en attendant des discussions institutionnelles entre néerlandophones et francophones. Le pays sera bloqué, cela coûtera beaucoup d’argent. Au niveau des marchés internationaux, ce sera un désastre pour l’image de la Belgique.

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Finalement, malgré les critiques contre lui au sein de l’Open VLD et ailleurs, Georges-Louis Bouchez avait raison sur le plan stratégique lorsqu’il affirmait avec dureté sa ligne libérale. Quitte à bousculer ses partenaires au fédéral.

Georges-Louis gêne parfois les gens, même à l’Open VLD. C’est vrai. Mais il comprend très bien le fonctionnement de la politique. Il est à 100 %, parfois même un peu au-delà… L’Open VLD peut apprendre de Georges-Louis, de sa manière de fonctionner. Il faut parfois quelqu’un pour le tempérer mais, avec Sophie Wilmès, ils forment un bon duo good cop, bad cop. Georges-Louis est une très grande valeur pour le libéralisme en Belgique. En Flandre, il est respecté pour la clarté de ses positions.

guillement

L’Open VLD peut apprendre de Georges-Louis, de sa manière de fonctionner.« 

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