Suisse

Sauvetage de Credit Suisse: le Parlement affiche (en vain) sa mauvaise humeur

La stratégie de la ministre des Finances Karin Keller-Sutter a été désavouée par le Parlement au cours de la session spéciale sur le sauvetage de Credit Suisse. © Keystone / Alessandro Della Valle

La stratégie adoptée par le Conseil fédéral pour gérer la débâcle de Credit Suisse n’a pas obtenu l’aval du Parlement. La session spéciale consacrée à ce sujet chaud se solde par une sorte de coup d’épée dans l’eau, avec un vote de défiance qui n’a pas d’impact juridique, ne fait pas trembler les marchés financiers et intéresse peu à étranger.

Ce contenu a été publié le 13 avril 2023


minutes

+ Le Conseil national a «échoué» aux yeux de la presse

Un désaveu qui ne traverse pas les frontières

Ce blâme infligé par le Parlement au Conseil fédéral n’a eu que peu d’échos au-delà des frontières helvétiques. La presse internationale n’a réservé qu’une place limitée à la décision.

Pendant la session, certains parlementaires craignaient qu’un refus des crédits ne déstabilise à nouveau les marchés financiers, entachant la réputation de la Suisse à l’étranger. Ce n’est pas le cas. «Les garanties financières de la Confédération sont de toute manière effectives. Cette décision n’a donc eu aucun impact sur les marchés et il n’y a pas de déstabilisation en vue», constate l’économiste Stéphane Garelli.

Le professeur à l’International Institute for Management Development estime que le vote de défiance du Parlement envers le gouvernement n’a aucun impact à l’international. «C’est de la cuisine interne à la Suisse. Il fallait s’attendre à une telle réaction politique», commente-t-il. Les questions qui éveillent l’intérêt au niveau global sont ailleurs, constate l’économiste. «À l’étranger, on se demande surtout si les 29 autres banques trop grandes pour faillites dans le monde risquent une débâcle similaire à celle de Credit Suisse et si nous allons mettre en place de nouvelles réglementations pour contrôler ces établissements.»

«Il faut vivre avec le risque»

La Suisse devrait être davantage observée lorsqu’elle discutera de mesures concrètes pour éviter une nouvelle crise bancaire. Toutefois, le Parlement a pour l’instant uniquement réussi à s’entendre pour demander au Conseil fédéral différents rapports, entre autres sur une éventuelle limitation des bonus et augmentation des fonds propres des grandes banques.

Pour sa part, Stéphane Garelli se montre sceptique: «Il faut vivre avec le risque. On peut le gérer, mais pas l’éviter.» À ses yeux, le monde politique n’a qu’une faible marge de manœuvre: «Les secteurs financiers évoluent tellement rapidement, notamment avec les nouvelles technologies, que les réglementations ont toujours un train de retard. On dépend surtout de l’éthique de travail des dirigeants des établissements bancaires et du contrôle des conseils d’administration.»

Articles mentionnés

En conformité avec les normes du JTI

En conformité avec les normes du JTI

Plus: SWI swissinfo.ch certifiée par la Journalism Trust Initiative