Suisse

L’approche suisse de lutte contre le loup pourrait faire des émules dans l’UE

En ligne de mire: un loup dans le canton du Valais (sud de la Suisse). Keystone / Marco Schmidt

Bien que le projet d’abattage préventif des loups élaboré par le gouvernement suisse ait été partiellement suspendu par la justice, l’approche de la Confédération pourrait préfigurer ce qui va se passer dans d’autres pays européens.

Ce contenu a été publié le 05 janvier 2024 – 14:24




SRFLien externe.

Neuf meutes suisses parcourent des territoires transfrontaliers. Selon l’expert de l’Université de Rome Luigi Boitani, cité par SRF, un loup marqué a même parcouru 2000 kilomètres, du canton des Grisons jusqu’en Slovaquie.

La manière dont les autres gouvernements traitent la question du prédateur a donc un impact sur l’action de la Suisse. Les pays de l’UE (Union européenne) étant soumis à des règles de conservation strictes, un abattage de grande ampleur à l’échelle de la Suisse semblerait plus modeste considéré d’un point de vue global.

En outre, les loups étant libres d’entrer en Suisse depuis les pays voisins, la chasse devrait de toute façon être répétée chaque année, explique Luigi Boitani.

La proposition de Bruxelles

Cependant, le passage de Berne à une approche proactive et préventive pourrait préfigurer ce qui va se passer ailleurs en Europe.

Juste avant Noël, la Commission européenne a proposéLien externe de réviser le statut du loup de «strictement protégé» à «protégé». Comme en Suisse, cette décision assouplirait les conditions selon lesquelles le prédateur peut être chassé.

La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a présenté cette idée comme un compromis. Bien que le retour des loups soit «une bonne nouvelle pour la biodiversité», «la concentration de meutes de loups dans certaines régions européennes est devenue un réel danger, notamment pour le bétail», a-t-elle déclaré.

«Pour gérer plus activement les concentrations critiques de loups, les autorités locales ont demandé davantage de flexibilité», a-t-elle indiqué.

Les groupes de protection de la biodiversité n’ont pas été convaincus. Dans une lettre ouverteLien externe, 300 organisations (ONG) dénoncent une proposition reposant sur des données «anecdotiques» et un processus de consultation dominé par les lobbies de l’agriculture et de la chasse.

Certains ont même argué qu’Ursula von der Leyen en faisait une affaire personnelle, son poney «Dolly» ayant été tué par un loup dans le nord de l’Allemagne en 2022.

La Commission européenne a quant à elle fait valoir que son plan se basait sur une «analyse approfondie» et «de nouvelles données sur l’augmentation des populations et les impacts» – bien que certaines de ces données aient été collectées pendant 18 jours en septembre, un laps de temps jugé trop court par les ONG.

Retour à Berne

Malgré l’intention de la Commission européenne, il est peu probable que les abattages généralisés deviennent une réalité en Europe dans un avenir proche.

Une telle idée doit être soutenue par la majorité des 27 États membres de l’UE et impliquerait une modification de l’accord international qui sous-tend la directive «Habitats» de l’Union: la Convention relative à la conservation de la vie sauvage et du milieu naturel de l’Europe, signée en 1979 à… Berne.

De ce point de vue, la Suisse (tout comme les autres signataires non européens de la Convention de Berne) pourrait encore avoir son mot à dire dans la future politique européenne relative au loup.

En la matière, le soutien de la Suisse à la proposition de l’UE semble clair, et pas seulement au vu de sa stratégie actuelle d’abattage. La Confédération a déjà proposé à deux reprises que la Convention de Berne rétrograde le statut du loup à «protégé»; la dernière fois, c’était en novembre 2022.

Traduit de l’anglais par Pauline Turuban

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