Sport

Maxime Deloyer, seul Belge francophone pro du padel: ”Un honneur de jouer devant 5 000 personnes face aux meilleurs mondiaux”

Max Deloyer bénéficie d’un plan de soutien. Comme de nombreux pratiquants belges, il n’a pas été programmé pour jouer au padel. Il a démarré sur un court de tennis. Un grand classique. “Mon papa a démarré le padel avant moi. C’est lui qui m’a poussé à essayer.”

Marc Pastor : ”La Belgique a un beau potentiel en padel”

Maxime était assez réticent. Lui, son truc, c’était surtout le tennis. Il rêvait de marcher sur les pas de David Goffin, de Rafael Nadal ou de Roger Federer. À 11 ans, il était C15.2. Il ne jouait plus qu’avec des adultes, ce qui a précipité… son malheur. “J’ai passé deux ans sans gagner un match. Je me suis mis au padel.”

À la base, il venait plus pour découvrir une nouvelle discipline. Le coup de foudre ne fut pas immédiat. “Nous jouions à Overijse, car il n’existait pas encore de terrain plus près de chez moi, à Kraainem. À ce moment, le tennis restait l’amour de ma vie. Mais j’ai vite accroché au padel. J’ai aimé ce jeu en touches. J’aime beaucoup les volées. Le côté agressif m’a séduit également.”

Peu avant ses 13 ans, Maxime Deloyer avait fait son deuil du tennis pour rejoindre les rangs du padel.

À raison de trois ou quatre sessions par semaine au Panorama et à l’Orée, il a appris les rudiments avec une grande facilité. Guidé par son papa Nicolas, il a fourbi ses premières armes en tournoi. Le binôme était redouté. Perfectionniste dans tout ce qu’il entreprend, Maxime s’est consacré sans compter à son nouveau sport. “Même à 5 ans, j’en voulais toujours plus”, se souvient cet accro.

Depuis toujours, il aimait suer sur des machines. Trop jeune pour s’inscrire à une salle de musculation, il a importé dans la maison familiale une salle de sport composée de machines de fitness comme un tapis, un rameur… L’adolescent mesure 1m76 pour 67 kilogrammes. Sa masse graisseuse est très faible.

Après les journées d’école, il vivait pour le sport. Bon élève, il a été diplômé au collège Don Bosco à une volée de la station de métro Stockel. Que ce soit derrière son pupitre ou avec une raquette en main, il refuse l’idée même de l’échec. “Je suis un perfectionniste”, poursuit celui qui a entrepris des études à l’Ichec avant de tout miser sur le sport.

Depuis six ans, il met les bouchées doubles pour se faire un nom dans le milieu. Il a commencé par visionner sur Youtube des centaines d’heures de match. Il s’est rapproché des sites spécialisés espagnols. Il s’est même rendu à Barcelone il y a trois ou quatre ans pour humer le véritable padel. Tout naturellement, son chemin s’est arrêté à Madrid.

À l’heure actuelle, le cap du professionnalisme ne peut être passé qu’à condition d’élire domicile en Espagne ou en Argentine. La Belgique n’est pas encore prête pour accueillir des Maxime Deloyer. “Je vis complètement pour le padel. Je m’entraîne 1h30 le matin avec Éric Delchambre. L’après-midi, je joue avec mon partenaire Clément Geens. Je vois mon kiné deux fois par semaine sans oublier mon préparateur mental Philippe Decleve tous les quinze jours.”

Avec Clément Geens, il a remporté les deux plus grands tournois de Belgique. Il vise le titre de champion de Belgique cette année. Sur la scène internationale, l’actuel 147e mondial vise une entrée dans le top 100 avant 2024. “En mars, nous avons battu un ancien top 20 qui est encore 70e”, dit encore celui qui a fini, avec la Belgique, à la 6e place de la Coupe du monde.

En juin, il prendra part au Jeu européen en Pologne. “Cela me permet de mieux me situer par rapport au circuit. Nous ne sommes plus à des années-lumière du top 100. Mon objectif, c’est le top 100”, dit celui qui était en dehors du top 250 il y a un an.

À 19 ans, il est déjà entré dans l’histoire du padel belge. “Je le vois comme un honneur. Je peux marquer l’histoire. Je veux bosser un maximum pour aller le plus loin possible.”

Une saison lui coûte 40 000 euros

Ce statut de joueur professionnel a une conséquence directe sur sa vie. Il bénéficie d’aides financières. Maxime a d’abord reçu le soutien du patron de la Casa de Genval, Patrick Michaux. Désormais, il reçoit une somme de l’AFT Padel qui l’aide à voyager. “Si je voulais réaliser une saison complète, j’aurais besoin de 40 000 euros. Les frais sont assez limités, car les tournois se concentrent sur l’Italie, la France, l’Espagne et les Pays-Bas. Si je voulais, je pourrais me rendre en Amérique du Sud, mais les coûts exploseraient. Pour le moment, mes sponsors et prize-money ne me permettent pas de finir l’année dans le vert. Je suis en contact avec quelques marques qui sont prêtes à me donner du matériel et de l’argent”, explique celui qui a touché un chèque de… 600 euros pour sa finale à Doha sur le FIP Tour.