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Une crise humanitaire majeure se dessine au Soudan

Des chiffres confirmés chez nous par Sandra Lamarque, coordinatrice MSF pour l’Afrique de l’Est et Haïti. “Ces hôpitaux ne sont plus opérationnels soit parce qu’ils ont été endommagés par les combats, soit parce qu’ils ne sont plus approvisionnés en intrants médicaux et en électricité, soit enfin parce que le personnel ne peut plus se rendre sur place parce que sa sécurité n’est pas garantie”.

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Le cessez-le-feu décrété depuis lundi soir ? Sandra Lamarque préfère parler “d’accalmie”. “Mais ce n’est pas un arrêt complet des hostilités et les garanties sont insuffisantes pour que nos équipes puissent se réunir et entamer des soins dans la capitale”.

Soigner coûte que coûte

Les ONG continuent pourtant de tenter de travailler et ont parfois déplacé des centres de santé, comme à Wad Madani, au Sud, sur la route de l’exode qu’empruntent des milliers d’habitants de Khartoum, ville de plus de 8 millions de personnes qui a souvent servi de point de chute pour des centaines de milliers de Soudanais (ou de Sud-Soudanais) qui ont fui les provinces en guerre ces dernières années dans ce pays.

”Le système de santé à Khartoum était ce qui se faisait de mieux dans ce pays. Il va falloir un peu de temps pour le rendre opérationnel si le conflit cesse tout de suite. Or, il faut pouvoir réagir immédiatement. Il y a les blessés du conflit mais aussi tous les soins à apporter à la population civile touchée de plein fouet par ces affrontements. La situation était déjà catastrophique avant le conflit, elle ne fait que se dégrader très très rapidement”, poursuit Mme Lamarque.

Les experts évoquent leur crainte pour la situation au Darfour (ouest), et parlent de plus en plus d’une contagion de la crise humanitaire dans toute la sous-région qui englobe le Sud Soudan, l’Erythrée, l’Éthiopie, le Tchad, dans une moindre mesure la Libye et l’Égypte. Au Darfour, selon Mme Lamarque, le seul hôpital qui fonctionne encore se trouve à El Fashir “mais il ne s’agit pas d’un centre de référence. Il n’y a pas de capacité chirurgicale. C’est grâce au courage de médecins soudanais qui ont installé eux-mêmes une structure de base que des petites interventions sont possibles. Mais ça demeure très précaire”.

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Le risque de déstabilisation est surtout évoqué au Soudan du Sud, pays indépendant depuis 2011. Plus de 1,2 million de Sud-Soudanais ont trouvé ces dernières années refuge au Soudan, généralement dans un cercle familial. Cette crise les pousse aujourd’hui à se replier vers le sud emmenant avec eux leurs proches du Soudan, c’est donc un exode massif qui se dessine vers un pays dont l’économie repose essentiellement sur l’exportation du pétrole. Un or noir qui transite par le Soudan, ce qui démontre la dépendance de Juba, la capitale du Soudan du Sud, par rapport à Khartoum.

En cas de détérioration de la situation dans ce “nouveau pays”, le Kenya voisin sait qu’il sera à son tour confronté à l’arrivée de réfugiés sur son territoire.

Parallèlement, l’Érythrée et l’Éthiopie suivent aussi attentivement l’évolution de la situation. Les deux pays ont une forte communauté d’exilés au Soudan. Mais, ils sont essentiellement dans l’est du pays qui, pour l’instant est peu impacté par cette guerre des généraux soudanais.

”Vu de l’urgence de la situation et des besoins médicaux importants, Médecins Sans Frontières lance un appel aux dons pour maintenir ses opérations et continuer à venir en aide à la population. Pour soutenir ses activités au Soudan, les dons peuvent être versés sur le compte BE73 0000 0000 6060 ou via la page de dons en ligne sur msf.be.”