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Un fonctionnaire européen paie ses vols gratuits au Qatar

Qatargate : un accord « douteux » de ciel ouvert avec l’émirat bientôt suspendu?

Si M. Hololei n’aurait a priori enfreint aucune règle interne à la Commission, ces déplacements font tache à l’heure où les suspicions de corruption d’anciens et actuels eurodéputés par le Maroc et le Qatar affectent l’image du Parlement européen et par ricochet celle des institutions communautaires.

“Protéger la réputation de l’institution”

Mercredi, le collège des commissaires a donc “décidé de nommer Henrik Hololei au poste de conseiller hors-classe à la direction générale des partenariats internationaux”. Et ce, “à sa demande”, insiste l’institution, comme pour indiquer que cette mutation, qui prendra effet le 1er avril, n’est en rien une sanction ou un aveu de culpabilité. L’enquête lancée en interne sur ces déplacements au Qatar est en effet toujours en cours. Mais Henrik Hololei tenait en attendant à “protéger l’intégrité et la réputation de l’institution”, explique à La Libre Balazs Ujvari, porte-parole de la Commission. M. Hololei sera pour l’heure remplacé par la directrice adjointe de DG Move Maja Bakran Marcich.

Cette affaire avait même attiré l’attention de la médiatrice européenne, Emily O’Reilly, qui est chargée de veiller à la bonne administration des institutions de l’UE. Début mars, elle avait écrit à la présidente de Commission, Ursula von der Leyen, pour lui demander comment seraient réformées les règles relatives aux voyages effectués par des hauts fonctionnaires et payés par des tiers.

Qatargate: la médiatrice européenne s’interroge sur les voyages d’un haut fonctionnaire de la Commission payés par le Qatar

Si la Commission insiste sur le fait qu’Henrik Hololei a respecté les procédures internes et qu’il n’était pas lui-même impliqué dans la négociation de l’accord avec le Qatar, elle a malgré tout pris des mesures. Désormais, les voyages payés par des tiers ne seront plus autorisés que s’ils sont offerts par des États membres (plus l’Islande, la Norvège, le Suisse et le Lichtenstein), ou par des organisations internationales (Onu, G20 et G7). Exit donc les voyages “gratuits” dans des pays tiers comme le Qatar. De toute manière, M. Ujvari, avait estimé à “0,1 ou 0,2 %” les cas où des directeurs généraux effectuent des voyages payés par des organisations externes. De plus, si Henrik Hololei était lui-même chargé d’évaluer ses propres conflits d’intérêts potentiels et a donc pu se donner à lui-même le feu vert pour se rendre à Doha, les directeurs généraux sont désormais obligés de demander l’avis du cabinet du commissaire chargé de leur domaine d’activité.

Des changements qui doivent “contribuer à éliminer non seulement les conflits d’intérêts potentiels, mais aussi ceux qui sont perçus comme tels”, a expliqué M. Ujvari.