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Rejet des eaux de Fukushima : une évaluation de l’AIEA confirme la sécurité du plan controversé du Japon

Les autorités japonaises prévoient de libérer progressivement, pendant trois à quatre décennies, le 1,23 million de tonnes d’eau entreposée à la centrale nucléaire de Fukushima Daiichi. Grâce à l’usage d’un Système avancé de traitement des liquides (ALPS), la quasi-totalité de la radioactivité a pu être éliminée, à l’exception du tritium, selon celles-ci. Il est désormais prévu que l’eau soit diluée afin de ramener le taux de tritium en dessous des normes réglementaires. Dans son rapport, l’AIEA estime que ces rejets “contrôlés et progressifs” de l’eau traitée dans la mer n’auraient qu’un “effet radiologique négligeable” sur les personnes et l’environnement.

Que faire avec les eaux contaminées de Fukushima ?

Craintes des pêcheurs

La solution est pourtant très controversée. Premières concernées, les communautés de pêcheurs de Fukushima redoutent un boycott de leurs prises. “En tant que pêcheur de Fukushima, je suis contre le fait que l’on rejette des matières radioactives dans notre lieu de travail, la grande crainte concerne la mauvaise réputation” a notamment déclaré Nozaki Tetsu, président de la Fédération des associations coopératives de pêcheurs de la préfecture de Fukushima. La réputation de la région a déjà pris un coup lors de la catastrophe, entraînant une baisse de la pêche : de 25 000 tonnes par an avant 2011, on ne pêche aujourd’hui que 5 000 tonnes de poissons.

Même situation dans les îles du Pacifique. En Papouasie-Nouvelle-Guinée, c’est pour la santé des récifs et les répercussions sur la pêche que l’on s’inquiète. “Nous ne pouvons pas mettre en danger l’environnement marin et les personnes qui en dépendent, explique Harry Farhall, pêcheur local qui pratique la chasse au harpon, à nos confrères du Guardian. Nous ne sommes pas préparés à faire face aux effets des déchets nucléaires”.

La Corée du Sud redoute quant à elle de faire face à une pénurie de sel. Les habitants craignent en effet de voir l’or blanc contaminé par des éléments toxiques, à tel point que les prix du sel se sont envolés ces derniers mois, augmentant de 27 % entre avril et juin 2023. En marge de l’annonce de ce mardi, la Chine avait appelé à la suspension du projet. Par l’intermédiaire de son ambassade au Japon, elle a déclaré que le rapport de l’AIEA ne pouvait constituer un “laissez-passer” pour le rejet d’eau et a demandé sa suspension. Pékin avait déjà dénoncé un plan “extrêmement irresponsable” en 2021, au moment de son annonce.

Contrôle continu

L’AIEA prévoit de poursuivre son examen de la situation, notamment en assurant une présence continue sur le site. “Ces mesures garantiront que les normes de sûreté internationales pertinentes continuent d’être appliquées tout au long du processus”, ajoute Rafael Grossi, assurant que l’AIEA sera présente avant, pendant et après le rejet des eaux traitées de la centrale. “Le rejet de l’eau traitée stockée à la centrale de Fukushima Daiichi est une décision nationale prise par le gouvernement japonais et que le présent rapport ne constitue ni une recommandation ni une approbation de cette politique”, précise-t-il toutefois. Le rejet des eaux traitées devrait débuter cet été, mais aucun détail supplémentaire n’a été communiqué par le Japon.