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Les élections locales confirment que le Sinn Fein est devenu le premier parti d’Irlande du Nord

Le Sinn Fein arrive pour la première fois en tête aux législatives

Le Sinn Fein doit cette progression au recul du plus modéré des partis républicains, le Parti travailliste et social-démocrate (SDLP). Après avoir recueilli 12 % des voix en 2019 et 11,9 % aux législatives, il n’en a engrangé que 8,7 %, cette fois. C’est sans doute le signe qu’une partie des électeurs républicains s’est ralliée au Sinn Fein pour lui apporter son soutien face à l’injustice dont il est actuellement victime.

Victime du chantage des unionistes du DUP

En effet, après avoir enregistré l’an dernier sa première défaite électorale depuis 2003, le DUP a refusé de rétablir l’exécutif nord-irlandais et de laisser le poste de Premier ministre à Michelle O’Neill. Les accords de Saint Andrews de 2006, signés pour parfaire les accords de paix du Vendredi saint de 1998, sont pourtant clairs sur ce point : la première formation unioniste et la première formation républicaine doivent se partager le pouvoir, mais la place de chef de l’exécutif doit revenir au premier parti national et le poste de vice-premier ministre à son homologue de l’autre camp. Point important : s’il est politiquement signifiant, le titre de Premier ministre est concrètement honorifique puisque le vice-Premier ministre possède les mêmes pouvoirs que lui.

Le DUP, désormais dirigé par Jeffrey Donaldson, justifie son refus de réintégrer l’exécutif national en raison de l’incompatibilité de son idéologie unioniste avec le protocole sur l’Irlande et l’Irlande du Nord, qui régit les relations commerciales post-Brexit entre l’Irlande du Nord et le reste du Royaume-Uni. Le parti unioniste estime que ce protocole inclus dans l’accord de retrait signé fin 2019 entre le gouvernement britannique et l’Union européenne favorise la distanciation entre l’Irlande du Nord avec la Grande-Bretagne.

Le Royaume-Uni et l’Union européenne trouvent enfin un compromis sur le protocole nord-irlandais

Les partis unionistes perdent du terrain

La semaine dernière, les électeurs se sont montrés très mitigés vis-à-vis d’une tactique qui paralyse totalement l’assemblée nord-irlandaise, qui ne s’est pas réunie depuis le début de l’année 2022. Comme le Sinn Fein, le DUP a gagné 2 points par rapport à l’an dernier, obtenant 23,3 % des voix. Ce qui a permis à Jeffrey Donaldson de clamer que “le vote s’est bien maintenu malgré tout ce que l’on nous a jeté à la figure”. Pourtant, il ne doit cette progression qu’au recul des deux autres partis unionistes, l’UUP (-0,3 points à 10,9 %) et surtout les radicaux du TUV (-3,7 points à 3,9 %).

Comme le Sinn Fein, il ne bénéficie pourtant pas de l’intégralité du report de voix de ses adversaires. Surtout, son obstruction s’est révélée globalement négative puisque les partis unionistes ont obtenu moins de votes que les républicains pour la première fois depuis la signature des accords de paix : 38,9 % contre 40,5 %, – le reste étant partagé entre des candidats indépendants et des partis neutres sur la question de l’indépendance.

Le DUP se retrouve donc coincé. Edwin Poots, qui fut son éphémère dirigeant entre le 21 mai et le 30 juin 2021, voit dans ce résultat “le moment de se réveiller”. Jeffrey Donaldson sait qu’il n’a guère le choix. Il devra relancer la collaboration avec le Sinn Fein. Il a d’ailleurs rappelé ce week-end ses objectifs : “Veiller à ce que la capacité de l’Irlande du Nord à commercer avec le reste du Royaume-Uni soit non seulement respectée, mais aussi protégée par la législation, et à ce que notre place dans l’union soit rétablie”. À lui de trouver le moyen de ne pas perdre la face.