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Le jeune activiste environnemental belge « Jérémy », détenu dans des conditions jugées inhumaines en Suisse

Ok, mais comment s’est-il retrouvé derrière les barreaux ? « Jérémy s’affiche en effet comme militant et fait partie d’une association d’étudiants défenseurs de l’environnement, explique le Donceelois Grégory De Rudder, oncle et parrain du jeune. Début 2022, les militants de la ZAD (NDLR: Zone à défendre) de la gravière de Sézegnin – site industriel du cimentier Holcim situé près de Genève, qui aspirait à s’étendre – y ont mené une action. »

L’ADN de Jérémy retrouvé sur les lieux

Une nuit de janvier, avant l’aube, deux voitures du géant du ciment sont incendiées, des noms d’oiseau inscrits sur un mur. D’autres engins auraient aussi été pris pour cible. Selon le journal suisse La Tribune de Genève, ces actes de sabotage s’inscrivent dans la continuité d’une évacuation des « zadistes » par la police qui s’était tenue après six mois d’occupation.

« Après les événements de janvier, les enquêteurs auraient retrouvé l’ADN de Jérémy sur un élément du site, ajoute le parrain. Il s’est retrouvé sous mandat d’arrêt en janvier 2022. Il a ensuite été arrêté le 15 mars dernier par la police et se trouve en détention préventive depuis car le ministère public craint un risque de collusion ou encore que Jérémy quitte la Suisse, bien qu’il ait la double nationalité. Or, il a été arrêté quatorze mois seulement après le mandat d’arrêt. La collusion ne tient pas. »

« Son état physique et psychologique se détériore »

La famille du jeune « admet ne pas savoir s’il a fait quelque chose de mal ou non. Ça, l’enquête le dira », ajoute le Donceelois, qui dépeint toutefois son filleul comme quelqu’un de bienveillant qui travaille à un monde meilleur. « Il est reconnu par ses professeurs comme un étudiant exceptionnel, qui a de bonnes notes. »

Mais ce sont surtout les conditions de détention du jeune belge immigré en Suisse qui posent question. « Il est détenu dans des conditions inhumaines, révoltantes et très sévères. Ils sont cinq détenus dans une cellule de 15 m2. Il n’a droit qu’à une heure de sortie par jour, dans une très petite cour, énumère le Donceelois. Il n’a également droit qu’à une seule heure de visite par semaine, avec fouille à nu avant et après… », sans parler des conditions d’hygiène déplorables auxquelles il serait confronté. « Il ne mange pas non plus à sa faim. Là, son état physique et psychologique se détériore… »

« On souhaite que Jérémy sorte rapidement »

Des conditions qui peuvent surprendre dans un pays européen comme la Suisse, d’autant plus qu’étant en détention préventive, Jérémy reste innocent jusqu’à preuve du contraire. « On souhaite que Jérémy sorte rapidement. On veut aussi sensibiliser l’opinion publique sur la disproportion des peines », ajoute encore Grégory De Rudder, qui précise qu’ici, ce n’est pas qu’un jeune qu’on enferme. « C’est tout un mouvement qui dénonce nos réalités climatiques qu’on prend en otage et qu’on met sous silence. »

Nous avons tenté de joindre l’avocat suisse du jeune Belge, en vain. Le ministère public de Genève (l’équivalent du parquet), que nous avons contacté également, lui, n’a pas été en mesure de répondre à nos questions ce mardi mais le fera prochainement.