InternationalTunisie

La police iranienne place des caméras dans les lieux publics pour repérer les femmes non voilées

La loi sur le port obligatoire du voile est devenue un sujet de débat depuis le déclenchement des manifestations l’année dernière

Afin de faire respecter la charia et d’obliger les femmes à se couvrir les cheveux et à porter des vêtements longs et amples, la police iranienne a annoncé samedi l’installation de caméras dans les lieux publics et sur les axes de circulation.

Le bureau de presse de la police iranienne a déclaré, dans un communiqué, qu’il « utilisera les systèmes intelligents comme une mesure innovante pour prévenir toute tension ou tout conflit avec les citoyens dans l’application de la loi sur le voile ».

« Dans le cadre de cette démarche, des caméras intelligentes seront installées dans les lieux publics et les routes pour identifier ceux qui ont été repérés en train de violer la loi sur le voile », indique le communiqué.

Les contrevenants recevront sur leur téléphone des messages les avertissant des « conséquences judiciaires » en cas de récidive.

La police a souligné qu’elle « ne tolérera aucun type de comportement individuel ou collectif qui contredirait l’application de la loi sur le voile dans le pays ».

L’annonce est intervenue au milieu d’une colère croissante et de protestations parmi les dignitaires religieux du pays contre l’assouplissement des règles de port obligatoire du voile ces derniers mois.

A la mi-septembre 2022, des manifestations ont éclaté en Iran suite à la mort de la jeune femme, Mahsa Amini, alors qu’elle était détenue par la « police des mœurs » qui surveille le code vestimentaire des femmes.

La révolte qui a suivi a été violemment réprimée par les forces de sécurité. D’après le dernier décompte de l’ONG Iran Human Rights (IHR) basée en Norvège, au moins 537 personnes, dont des enfants, ont été tuées dans le pays par les forces de sécurité iraniennes.

Une intense répression qui n’empêche pas de nombreuses femmes de sortir sans voile dans les centres commerciaux, les restaurants, les magasins et les rues du pays. Des vidéos montrant des femmes non voilées résistant à la police des mœurs ont inondé les réseaux sociaux.

Les citoyens exhortés à s’en prendre aux femmes non voilées

Dans son communiqué de samedi, la police appelle les propriétaires d’entreprises à « surveiller sérieusement le respect des normes sociétales par des inspections diligentes ».

La charia islamique en vigueur depuis la révolution de 1979 en Iran oblige les femmes à se couvrir les cheveux et à porter des vêtements longs et amples pour dissimuler leur silhouette. Les contrevenantes font l’objet de réprimandes publiques, d’amendes ou d’arrestations.

Dans un communiqué publié le 30 mars, le ministère de l’Intérieur décrit le voile comme « l’un des fondements civilisationnels de la Nation iranienne » et « l’un des principes pratiques de la République islamique ». Il écarte tout recul sur la question et exhorte les citoyens à s’en prendre aux femmes non voilées.