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David “star du porno” et Vénus “Barbie influenceuse” , l’art italien et la polémique

“Confondre l’art avec la pornographie est ridicule et offensant, avait alors commenté le maire de Florence, Dario Nardella. Les jeunes n’ont pas besoin de censure ou de croisade au nom de la moralité, mais d’une éducation sérieuse qui explique ce qu’est l’histoire de l’art et combien elle est importante pour le développement de la civilisation !” Le maire a habilement retourné la situation, invitant l’enseignante licenciée pour lui offrir un prix, un voyage tous frais payés pour venir admirer la statue originale du David. Un lot de consolation qui va se transformer en campagne médiatique gratuite outre-Atlantique pour la perle de la Renaissance !

La question de la nudité des statues

“Cacher cette statue nue que je ne saurais voir”, pour paraphraser Molière, est une question qui se pose à l’heure où les lieux de la Renaissance italienne sont pris d’assaut par des touristes venant d’horizons culturels divers. En Italie, les défenseurs de la culture s’opposent avec force à toute éventualité de cacher la nudité artistique pour se plier à la pudibonderie venue des États-Unis ou à la censure religieuse des pays musulmans.

“Si le nu esthétique doit choquer la sensibilité religieuse ou morale, comment expliquer que la majorité de ces statues ont été imaginées pour des lieux sacrés, des églises, en insistant justement sur la nudité ?” interroge l’historien Carlo Bertelli. En 1504, le David de Michel-Ange avait aussi provoqué des réactions négatives, non pas à cause de ses attributs masculins et de sa musculature évidente, mais parce qu’il représentait le symbole politique d’une République où l’homme juste gagne sur le fort, un symbole de bonne gouvernance. Clairement les temps ont bien changé !

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De la nudité à la vulgarité

De la nudité choquante du beau David à l’art transformée en banalité, voire en vulgarité, il n’y a qu’un pas que le gouvernement italien a franchi cette semaine. La Vénus de Botticelli, qui se montre dans toute sa splendeur au mur de la galerie des Offices, a en effet inspiré la nouvelle campagne du ministère italien du Tourisme. “Un ordinateur a modifié en figure grotesque la mascotte de la Renaissance, avec un érotisme proche des dessins animés porno”, dénonce l’historien Tomaso Montanari, qui trouve cette campagne humiliante !

Pas de panique, Vénus est rhabillée, aucun touriste ne pourra rougir en voyant passer la publicité. Par contre, de nombreux Italiens ont rougi de honte et de colère. Vénus est transformée en Barbie influenceuse, en pur produit de la sous-culture tant décriée lors de l’incident du David et des Américains. Vénus à Rome avec son vélo qui pose devant le Colisée, Vénus à Amalfi qui mange une pizza, Vénus à Venise qui se prend en photo, Vénus en Vespa… Une campagne publicitaire qui a coûté la bagatelle de neuf millions d’euros. “Nous sommes le plus beau pays du monde, a expliqué la ministre du Tourisme, Daniela Santanché, fière figure de l’extrême droite italienne, mais nous ne sommes pas les meilleurs pour promouvoir nos beautés, et nous devons retrouver la fierté d’être Italien, dans notre identité ! ”

Difficile de croire que Vénus transformée en poupée Instagram fera le job, le Musée des Offices, propriétaires des droits de l’œuvre d’art, a préféré ne pas commenter !