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Conflit au Soudan : le cessez-le-feu globalement respecté à Khartoum, l’exode continue

En revanche, il était impossible dans l’immédiat de savoir si les violents combats qui faisaient rage dans la vaste région du Darfour, dans l’ouest du Soudan, depuis le début des hostilités le 15 avril avaient baissé en intensité.

L’Organisation mondiale de la santé (OMS) s’est en outre inquiétée de risques biologiques « très élevés » après l’occupation « par des belligérants » d’un « laboratoire public de santé », où l’on pouvait trouver des agents pathogènes de la rougeole, du choléra et de la poliomyélite.

Plus de 420 personnes ont été tuées et des milliers blessées depuis mi-avril au Soudan, selon l’ONU, mais « après d’intenses négociations », l’armée soudanaise et les Forces de soutien rapide (FSR) « ont accepté un cessez-le-feu dans tout le pays », a affirmé le secrétaire d’Etat américain Antony Blinken peu avant l’entrée en vigueur de la trêve à minuit (22H00 GMT lundi).

Cessez-le-feu définitif?

L’armée et les paramilitaires ont confirmé une « trêve dédiée à l’ouverture de couloirs humanitaires ».

Profitant de cette potentielle accalmie, jusqu’à 270.000 personnes pourraient encore fuir au Tchad et au Soudan du Sud voisins, a alerté mardi l’agence de l’ONU pour les réfugiés (HCR).

Khaled Omar Youssef, des Forces de la liberté et du changement (FLC), le bloc civil limogé par le putsch mené en 2021 par les deux généraux alors alliés, a déclaré à l’AFP se féliciter « d’une médiation américaine » qui a établi, avec les civils, « des contacts avec l’armée et les FSR » en vue « de cette trêve humanitaire ».

« Elle permettra un dialogue sur les modalités d’un cessez-le-feu définitif », a-t-il précisé.

M. Blinken a dit lui travailler avec des alliés à une « commission » chargée de négocier la cessation permanente des hostilités au Soudan. L’armée a évoqué une médiation « saoudo-américaine ».

L’intensité des combats dans plusieurs quartiers de la capitale avait de fait baissé depuis le début samedi des évacuations d’étrangers.

Dans d’autres secteurs toutefois, les affrontements se sont faits ces derniers jours plus destructeurs. Sur des vidéos mises en ligne qui n’ont pas pu être authentifiées dans l’immédiat par l’AFP, magasins incendiés, immeubles écrasés et civils hagards au milieu des décombres encore fumant témoignent de la violences des raids aériens et des tirs d’artillerie.

Dalia Mohammed a fui Khartoum pour à Port-Soudan, sur la côte est. « On s’est retrouvés à la rue, on est devenus des déplacés à cause de quelque chose qui n’a rien à voir avec nous: ça ne concerne que deux hommes et leurs troupes surarmées », se lamente-t-elle.

Ceux qui ne peuvent pas quitter la capitale, plongée dans le chaos, tentent de survivre, privés d’eau et d’électricité, soumis aux pénuries de nourriture et aux coupures d’internet et de téléphone.

Le conflit risque d' »envahir toute la région et au-delà », a prévenu le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres.

Le Conseil de sécurité doit se réunir mardi soir au sujet du conflit.

« Long voyage »

Le chef de la diplomatie de l’UE Josep Borrell s’est félicité de la trêve, exhortant « les deux parties à la respecter pleinement ». En attendant, les départs des étrangers se poursuivent.

Mardi, le Royaume-Uni a annoncé entamer l’évacuation de ses ressortissants –trois jours après celle de ses diplomates–, en « priorité les familles avec enfants et les personnes les plus âgées ou avec un problème de santé ».

Plus de 1.000 ressortissants de l’UE ont pu partir, la France annonçant mardi avoir évacué 538 personnes, dont 209 Français. L’Ukraine a elle pu faire sortir du pays 138 personnes, dont 87 de ses ressortissants.

Tokyo a dit de son côté avoir évacué « tous les Japonais qui se trouvaient à Khartoum » et désiraient partir.

Environ 700 employés internationaux de l’ONU, d’ONG et d’ambassades « ont été évacués vers Port-Soudan », a indiqué l’ONU.

Des dizaines d’autres employés humanitaires ont été évacués vers le Tchad depuis le Darfour, la région la plus touchée par les combats avec Khartoum.

« Alors que les étrangers qui le peuvent s’enfuient, l’impact des violences sur une situation humanitaire déjà critique s’aggrave », prévient l’ONU, dont les agences ont suspendu leurs activités.

Cinq humanitaires ont été tués et, selon le syndicat des médecins, près des trois quarts des hôpitaux sont hors service.

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