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Comment Donald Trump a littéralement vendu “l’élection volée” en 2020

L’équipe de Jack Smith s’intéresse, désormais, à la levée de fonds organisée par Donald Trump et ses partisans pour contester les résultats de la présidentielle du 3 novembre 2020 et développer sa théorie de “l’élection volée” en vertu de laquelle la victoire de Joe Biden résulterait de fraudes à grande échelle commises par les Démocrates. Le scrutin à peine terminé, le Président et des personnalités du Parti républicain avaient bombardé d’e-mails leurs sympathisants, les enjoignant de financer massivement des actions en justice et des opérations sur le terrain, notamment pour recompter les voix dans plusieurs États clés.

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Quelque 250 millions de dollars

Certains destinataires avaient reçu jusqu’à plusieurs dizaines d’e-mails par jour et la campagne a fonctionné au-delà des espérances de ses initiateurs puisque 250 millions de dollars sont rentrés dans les caisses des comités de soutien au Président en seulement quelques semaines. Une somme qui n’a pas pu être dépensée avant la sortie de charge de Donald Trump, le 20 janvier 2021, et n’a aucunement servi aux objectifs poursuivis puisque les recours en justice ont tous tourné court. Aucun recomptage d’envergure n’a été effectué, sauf en Géorgie et surtout en Arizona, où une opération rocambolesque et chaotique nous a appris que Donald Trump avait finalement obtenu 360 voix de moins que ce qui avait initialement été annoncé. “Trump perd l’Arizona – de nouveau”, avait ironiquement titré le Wall Street Journal.

L’argent a donc alimenté un trésor de guerre qui devrait logiquement servir à financer la campagne qui commence. Ce n’était évidemment pas la finalité des sollicitations. Les enquêteurs cherchent, par ailleurs, à déterminer dans quelle mesure les responsables de cette collecte savaient que la théorie de l’élection volée ne reposait sur rien et ont, par conséquent, trompé sciemment – et illégalement – les donateurs.

L’intention délictueuse sera difficile à prouver, quand bien même il y a un précédent avec l’inculpation de l’ancien “stratège” de Donald Trump, Steve Bannon, qui avait détourné des dons en faisant croire qu’ils serviraient à l’érection d’un mur sur la frontière avec le Mexique – son procès est en cours, alors que trois de ses comparses ont déjà été condamnés. En l’espèce, il sera argué que les admirateurs de Donald Trump le soutiennent aveuglément, quelle que soit l’affectation finale de leurs contributions financières.