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Cisjordanie occupée : six Palestiniens tués et 26 blessés dans un raid israélien

Six Palestiniens ont été tués et 26 blessés dans un raid militaire israélien mardi 7 mars dans le camp de réfugiés de Jénine. Parmi eux se trouvait l’auteur d’une attaque récente ayant coûté la vie à deux Israéliens, Abdel Fatah Husseïn Khrouchah. Le conflit israélo-palestinien connaît une recrudescence depuis le début de l’année.

Nouvel épisode d’une vague de violences en Cisjordanie occupée. Six Palestiniens ont été tués mardi 7 mars lors d’un nouveau raid militaire israélien dans le camp de réfugiés de Jénine, a annoncé le ministère de la Santé palestinien.

Outre Khrouchah, 49 ans, cinq hommes âgés de 22 à 29 ans ont été tués. Et 26 autres personnes ont été blessées, dont trois grièvement. Les forces israéliennes ont fait part de deux blessés légers dans leurs rangs.

À l’issue de l’opération ayant mobilisé des blindés, des drones, ainsi qu’au moins un bulldozer et un hélicoptère d’attaque, un journaliste de l’AFP a pu filmer à l’intérieur du bâtiment où s’était retranché Abdel Fatah Husseïn Khrouchah, membre du mouvement islamiste palestinien Hamas.

Selon les éléments concordants communiqués par les forces israéliennes et les témoignages recueillis sur place, les soldats ont encerclé le bâtiment et de violents affrontements les ont opposés à des hommes armés à l’intérieur, mais aussi à des combattants palestiniens dans les rues de cette zone urbaine du nord de la Cisjordanie.

Des témoins ont parlé de tirs de roquettes sur le bâtiment. L’armée a confirmé que « des lance-missiles portatifs » avaient été utilisés contre l’immeuble d’habitation. À l’intérieur, des impacts de balles au plafond et des pans de murs écroulés témoignent de la violence des combats.

Un compte Telegram lié aux Brigades de Jénine a indiqué que des combattants de ce groupe armé local avaient mené « de violents combats » contre les forces israéliennes dans le camp de réfugiés de Jénine.

Netanyahu félicite ses soldats

Selon les autorités israéliennes, Khrouchah était l’auteur de l’attaque ayant coûté la vie le 26 février à deux frères habitant une colonie juive du nord de la Cisjordanie , territoire occupé par Israël depuis juin 1967.

Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a félicité ses soldats d’avoir « agi avec une précision chirurgicale dans le repaire des assassins » et « éliminé [un] terroriste abominable ». « Quiconque nous fait du mal en paiera le prix », a-t-il ajouté.

« Les crimes et les massacres perpétrés par les Israéliens n’intimideront pas notre peuple palestinien mais le renforcera dans sa détermination à combattre l’occupation israélienne », a réagi le Hamas.

Le Jihad islamique a publié un communiqué au ton similaire, tout comme le mouvement du président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, le Fatah, dont le texte laisse entendre que des membres des forces de sécurité palestinienne ont pris part aux combats contre l’armée israélienne.

Nabil Abou Roudeina, porte-parole de la présidence palestinienne, a dénoncé comme un acte de « guerre totale » l’emploi de roquettes contre des habitations en pleine ville et accusé le gouvernement israélien d’être « responsable [d’une] escalade dangereuse qui menace d’embraser la situation et de détruire tous les efforts destinés à ramener la stabilité ».

Par ailleurs, dans le camp de réfugiés d’Askar, à Naplouse, autre ville du nord de la Cisjordanie théâtre de raids militaires israéliens à répétition depuis bientôt un an, les soldats ont arrêté trois fils de Khrouchah, selon des sources palestiniennes.

Le Shin Bet, la sécurité intérieure israélienne, indique pour sa part que deux fils de Khrouchah ont été arrêtés et qu’ils sont soupçonnés d’avoir aidé leur père à planifier son attaque.

 La France « extrêmement préoccupée »

Depuis le début de l’année, le conflit israélo-palestinien a coûté la vie à 71 Palestiniens (dont des combattants et des civils, parmi lesquels des mineurs et des femmes ) et 13 Israéliens (dont des mineurs et des forces de sécurité) et une Ukrainienne, selon un décompte de l’AFP réalisé à partir de sources officielles israéliennes et palestiniennes.

À l’issue d’une rare rencontre à Aqaba (en Jordanie), des responsables israéliens et palestiniens s’étaient engagés le 26 février à oeuvrer en vue d’une « désescalade ». Mais alors même que se tenait cette rencontre avait lieu l’attaque meurtrière imputée par Israël à Khrouchah, et la nuit suivante, des colons juifs attaquaient en représailles la ville palestinienne de Huwara, incendiant plusieurs bâtiments.

À Amman, les Affaires étrangères jordaniennes ont condamné, mardi, « les incursions israéliennes ininterrompues dans les villes palestiniennes occupées » et mis en garde contre le risque d’une « détérioration supplémentaire de la situation ».

La France est également « extrêmement préoccupée » par la vague de violences en Israël et dans les territoires palestiniens, a assuré Catherine Colonna, la ministre française des Affaires étrangères lors d’une audition mardi soir devant l’Assemblée nationale. « La violence engendre la violence et nous avons appelé les uns et les autres à d’autres comportements. »