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« C’est autre chose que de mettre de l’huile sur le feu »: quand Borne marque sa différence avec Macron sur la réforme des retraites

A la recherche du « bon timing » pour renouer le dialogue, Mme Borne, en déplacement vendredi à Rodez (Aveyron), estime qu’il « ne faut pas que les syndicats sortent humiliés de cette séquence » et appelle à « respecter une période de convalescence ».

Ce ton très conciliant a été immédiatement salué par le patron de la CDFT Laurent Berger, car il tranche avec les propos tenus par le président de la République mercredi en marge d’un déplacement en Chine.

Le chef de l’Etat avait, via son entourage, nié toute « crise démocratique en France » et assuré avoir un mandat clair pour réformer les retraites.

Il avait également une nouvelle fois mis en cause la CFDT, accusée de n’avoir pas proposé de projet alternatif, et déclenché le courroux de Laurent Berger qui avait demandé à Emmanuel Macron de « garder ses nerfs ».

« Le message de ce matin est plus respectueux que celui qui nous était venu de Chine, je ne peux pas dire le contraire », s’est félicité vendredi matin sur BFMTV et RMC le secrétaire général du premier syndicat de France.

« C’est autre chose que de mettre de l’huile sur le feu », a souligné M. Berger, dont les relations se sont particulièrement tendues avec Emmanuel Macron et qui a souligné, par contraste, qu' »il n’y avait jamais eu de problème de respect » avec la cheffe du gouvernement.

« Elysée contre Matignon » ?

Selon lui, « il vaut mieux des paroles d’apaisement que des paroles (…) qui stigmatisent », mais, avertit-il, « si on veut aller au bout de l’apaisement, il faut mettre de côté cette réforme » comme le réclament unanimement les syndicats.

« Avant d’aller chercher des alliés pour voter les textes, c’est important que l’on dise où l’on veut aller », a également fait valoir Mme Borne qui, toujours selon Le Monde, voudrait redonner un « cap ». « Il faut redonner du sens et du souffle à l’action. Je ne suis pas simplement là pour administrer le pays. »

Fait inhabituel, depuis la Chine, l’entourage du Président de la République a rapidement réagi aux déclarations de la Première ministre, juste avant la rencontre du chef de l’Etat avec des étudiants chinois à Canton.

« Le Président de la République coordonne avec la Première ministre. Le cap a été donné par le Président de la République lors de son interview au 13h sur France 2 et TF1. Il a demandé à la Première ministre de recevoir les syndicats et de travailler sur une feuille de route pour les mois à venir », rappelle fermement l’entourage.

Cette réaction a fait émerger des questions sur de possibles dissensions entre les deux têtes de l’exécutif. Et le secrétaire général du parti présidentiel Renaissance Stéphane Séjourné, un proche du chef de l’Etat, a tenté d’éteindre très vite l’incendie naissant.

« Il y a une tentation de faire monter l’Elysée contre Matignon, de mettre des coins entre l’exécutif. Je suis en contact avec les deux, je ne vois pas du tout de problématique de ligne et d’objectifs entre la Première ministre et le Président de la République », a-t-il assuré sur Franceinfo.

Le gouvernement et les syndicats attendent vendredi prochain la décision cruciale du Conseil constitutionnel sur la conformité de la réforme des retraites. Elle sera précédée la veille par une nouvelle journée de mobilisation des syndicats, le 12e depuis janvier.