International

À Paris, un nouveau procès attend Oussama Atar, mort ou vivant

Le Parquet national antiterroriste français (Pnat) le poursuit désormais aussi, avec quatre autres inculpés, pour avoir pris en charge la gestion des otages occidentaux en Syrie. Entre novembre 2012 et janvier 2014, vingt-cinq otages européens et nord-américains avaient été enlevés dans le nord de la Syrie par l’État islamique (EI), rappelle le Pnat dans son réquisitoire.

L’ombre d’Oussama Atar, cerveau des attentats, plane sur le procès de Bruxelles

Parmi eux, treize journalistes et onze humanitaires. Huit d’entre eux ont été assassinés, trois ont disparu, dont le photographe britannique John Cantlie. Et ceux qui ont survécu – notamment les journalistes français Didier François, Edouard Elias, Nicolas Hénin et Pierre Torres – ont gardé des séquelles de ces mois de captivité.

Venu de Belgique tardivement en décembre 2013, Atar semble avoir pris en Syrie l’ascendant sur le Français Salim Benghalem, chef initial de cette cellule, alors que plusieurs otages avaient déjà été enlevés par l’EI. À l’hôpital ophtalmologique d’Alep, où les otages sont dans un premier temps regroupés, Atar côtoie d’autres geôliers, comme les Français Mehdi Nemmouche et Abdelmalek Tanem. Pièce importante : le Pnat a reçu de la Commission internationale pour la justice et la responsabilité (CIJA) un disque dur contenant 2 860 heures de vidéosurveillance de l’hôpital où les enquêteurs, selon Le Monde, ont pu reconnaître Benghalem, Nemmouche et Tanem.

Est également poursuivi dans la procédure française le Syrien Kais Al-Abdallah, détenu en France depuis 2019.

Atar est probablement mort dans une frappe de drone américain en novembre 2017, en Syrie. C’est le cas également de Salim Benghalem. Mais les justices française et belge n’en ont pas la certitude.

Oussama Atar, l’émir de la cellule terroriste: il est celui qui a probablement été le lien entre la Syrie et Molenbeek

« Chasser les mécréants »

Selon le Pnat, la prise systématique d’otages – avant que les premières frappes occidentales ne ciblent l’EI l’été 2014 – a été décidée « au sommet de l’État islamique » avec le but de « chasser les Occidentaux mécréants« , « disposer d’une monnaie d’échange » et « terroriser« . L’EI voulait créer une sorte de « Guantanamo à l’envers » avec tenues orange, sévices et menaces contre les détenus.

Les otages furent, dans un second temps, confiés à quatre djihadistes britanniques, qui furent appelés les « Beatles » par l’Américain James Foley. Nemmouche partit en Belgique, avec pour mission de créer une cellule dormante. Au lieu de cela, il a commis l’attentat contre le Musée juif de Bruxelles en 2014.

L’instruction terminée, les juges français doivent maintenant décider s’ils vont traduire les cinq hommes devant une cour d’assises spéciale.