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Un “Chat GPT du climat” accessible à tous : “Une grosse partie du développement n’est pas technologique”

“Même si c’est facile de dire ça, Chat GPT n’arrive que dans la dernière étape”, rappelle toutefois Théo Alves Da Costa, responsable des sujets data et intelligence artificielle chez Ekimetrics. “Une grosse partie du développement de l’outil n’est pas technologique. C’est de la compréhension du problème. Venir infuser au maximum une expertise humaine dans la machine, en quelque sorte”, poursuit notre interlocuteur.

Ces deux dernières années, des équipes mêlant développeurs spécialisés en intelligence artificielle et spécialistes des questions climatiques ont donc travaillé sur le projet afin de permettre à l’outil répondre correctement aux questions sur le climat d’un point de vue scientifique, tout en mettant en place des garde-fous pour que les réponses répondent à tous les critères. “Fiables, consensuelles, scientifiques, vulgarisées et qui n’oublient aucun point important”, résume notre interlocuteur.

Modération et garde-fous

De fait, l’outil en ligne se veut plus précis que l’intelligence artificielle d’Open IA, dont les approximations flirtent avec les fausses informations. Pour rédiger les réponses de Climate Q&A, Chat GPT pioche directement dans les rapports du Giec ou d’autres rapports sur le climat d’organisations comme l’Agence International de l’Énergie (AIE) ou l’Ipbes (le “Giec de la biodiversité”). Lors de la rédaction des réponses, rien n’est inventé. “Répondre à la question, c’est reformuler, synthétiser et rédiger quelque chose que racontent les différents extraits.” Une façon de limiter les risques et d’éviter de répondre à côté de la plaque. “Mais même en ayant ça, il y a toujours des malins qui essayent de piéger un peu l’IA”, reconnaît Théo Alves Da Costa.

Contrairement à l’intelligence artificielle d’Open AI, si la réponse à la question posée ne se trouve pas dans les rapports choisis, Climate Q&A ne fournit aucune réponse. “On essaie de mettre un peu d’humilité dans Chat GPT”, plaisante notre interlocuteur.

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De premiers retours satisfaisants

Juste avant son lancement le 3 avril, l’outil a pu être testé par des utilisateurs issus de différents publics. Outre les journalistes spécialisés en climat, “qui sont typiquement parmi les gens qui utilisent beaucoup les rapports du Giec pour faire des articles”, les équipes d’Ekimetrics ont proposé leur outil à des experts en sensibilisation climat et à un public “qui n’y connaissent pas grand-chose”. “Au dernier moment, on a eu la chance de réussir à avoir le contact de beaucoup d’auteurs du Giec par l’intermédiaire des journalistes”, explique Théo Alves Da Costa.

Les auteurs du Giec ont fait des retours très détaillés. C’est super précieux pour nous”, détaille le développeur. Conquis par le projet, les scientifiques ont mis en évidence plusieurs choses à améliorer, comme le fait d’inclure les notes de bas de page et les deux résumés de 30 et 100 pages (“Summary for Policymakers” et “Technical Summary”) dans la liste des sources. Open Source et encore en cours de développement, l’outil va continuer à évoluer dans les prochains mois. Il peut désormais répondre dans toutes les langues et les équipes d’Ekimetrics vont analyser les quelque 9 000 questions posées depuis le lancement de l’outil pour “faire un observatoire des questions que les gens se posent sur le climat”.

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