La Suisse veut faire de la garde des enfants une affaire aussi publique
En Suisse, la garde des enfants est une affaire privée et coûteuse, ce qui entraîne des conséquences économiques et sociales. Le Conseil national a pris le taureau par les cornes et a décidé d’agir. Mais les sommes en jeu sont importantes et une question se pose: le jeu en vaut-il la chandelle? La Chambre haute doit encore se prononcer.
Ce contenu a été publié le 07 mars 2023
minutes
coûts de garde externe sont les plus élevés.
L’État accorde certes des allègements fiscaux mais, pour le reste, il se tient largement à l’écart. La garde des enfants est organisée par les cantons et les communes, et les tarifs varient en fonction du lieu de résidence, parfois de manière considérable.
La Suisse en queue de peloton
Ainsi, la Suisse consacre à ce jour moins de 0,1% de son produit intérieur brut (PIB) au financement des structures d’accueil extrafamilial, soit moins que la plupart des pays européens. En ce qui concerne les coûts, elle figure en queue de peloton, à la 37e place, dans un comparatifLien externe de l’Unicef, l’organisation d’aide à l’enfance, parmi 41 pays hautement développés.
Mais un encadrement coûteux est-il synonyme de qualité? Même pas. Là encore, la Suisse n’est pas bien classée, pointant au 25e rang pour la qualité. L’un des critères de l’Unicef est le nombre d’enfants par personne d’encadrement formée. En Suisse, il est de 18, alors qu’en Islande, championne du classement, il est de 5.
Les grands-parents au secours du système
À cela s’ajoute un congé maternité court. «Même certains des pays les plus riches du monde, comme la Suisse, ont à la fois un congé court et une faible participation à la prise en charge des enfants», résume l’Unicef.
Des places de crèche chères, une qualité moindre, peu de congés parentaux: tout cela fait qu’en Suisse, ce sont souvent les grands-parents qui sont mis à contribution pour la garde des enfants. Ou les parents qui s’organisent entre eux sur une base privée.
Cela crée un problème à court terme dans le budget des jeunes familles, et à long terme un problème structurel pour le pays. En effet, un enfant entraîne souvent aussi une baisse drastique du taux d’activité de l’un des parents. En Suisse, ce phénomène touche surtout les femmes: la moitié des mères y travaillent à temps partiel, la plupart à moins de 50%.