France

Toulouse : Plus rapide, plus précis, ce super-scanner veut « révolutionner » la prise en charge des cancers

Le passage de quatre minutes d’un patient dans le tunnel de cette nouvelle « machine » fournit autant d’informations à son médecin traitant que s’il avait passé « 30 scanners dans les années 2000 », calcule le professeur Frédéric Courbon, chef du département d’imagerie à l’Institut universitaire du cancer de Toulouse (IUCT). L’engin en question qui, pour un profane, à toute l’apparence d’un scanner ordinaire, en plus blanc et plus futuriste, est une plateforme technologique baptisée Omni Legend et mise au point par la société française GE Healthcare. 

Le prototype, testé en première mondiale et utilisé depuis plusieurs mois à l’Oncopole de Toulouse, est l’unique à être à ce jour en fonctionnement en France. Le professeur en cancérologie Jean-Pierre Delord n’hésite pas à le qualifier de « révolutionnaire ». Alors qu’est-ce que ce « TEP Scan » a de plus que les autres ? D’abord donc, cette vitesse d’acquisition des données qui réduit d’autant la durée de cet angoissant examen, notamment pour des patients agités ou douloureux. Avec en corollaire, la possibilité d’y faire accéder davantage de patients par jour. « Tous les patients qui en auront besoin pourront passer sur cette machine », assure Jean-Pierre Delord. Cette rapidité permet enfin de réduire la dose de produit radioactif injecté et la durée d’exposition aux rayons.

L’apport de l’intelligence artificielle

Deuxième superpouvoir de l’Omni Legend : sa résolution. Il est capable de détecter des lésions cancéreuses même « d’un millimètre ». Les praticiens peuvent ainsi savoir si le cancer est vraiment localisé, ou pas, et adapter précocement le traitement en fonction. Pour s’en persuader l’équipe de l’IUCT a mené une étude clinique incluant 45 patients. Ces derniers ont bien voulu s’allonger dans le tunnel de l’Omni Legend mais aussi dans ceux de deux autres TEP Scan de générations antérieures et du même fabriquant. Ensuite, trois spécialistes ont comparé « à l’aveugle » les images, anonymisées, des trois machines. « Nous voulions que la qualité soit au minimum équivalente, elle s’avère supérieure de 75 % », assure Nicolas Durand-Schaeffer, directeur de l’imagerie chez GE Healthcare.

La nouvelle plateforme technologique fait aussi appel à l’intelligence artificielle pour « reconstruire les données ». Cet aspect fait toujours l’objet d’une deuxième étude clinique, qui consiste à s’assurer que l’IA ne produit pas « des faux positifs », qu’elle ne voie pas des tumeurs, même minuscules, là où il n’y en a pas avec le risque d’entraîner un « surtraitement ».

L’ambition de l’IUCT est de rendre accessible son nouvel outil à environ 4.500 patients par an, adressés par des cliniciens de toute l’Occitanie. Et de l’utiliser pour affiner leurs diagnostics sur un large spectre de cancers, allant des leucémies aux mélanomes, en passant des affections de la prostate, du sein, ORL ou du système digestif.