France

Sainte-Soline : Appel à témoins, audition des gendarmes… Comment va se dérouler l’enquête ?

L’enquête s’annonce longue et va mobiliser huit enquêteurs de l’Inspection générale de la gendarmerie nationale (IGGN), le gendarme des gendarmes. Dix jours après les violents affrontements qui ont émaillé la manifestation interdite sur le site en chantier de la mégabassine de Sainte-Soline (Deux-Sèvres), le parquet de Rennes, saisi du dossier pour ses compétences dans les affaires militaires, a fait le point ce mardi sur les procédures ouvertes suite aux blessures graves subies par des manifestants. Elles sont désormais au nombre de quatre après le dépôt de deux nouvelles plaintes en ce début de semaine. Toujours hospitalisées, l’une étant toujours dans le coma, les quatre victimes n’ont pour l’heure pas pu être entendues.

En attendant, les enquêteurs ont démarré leurs investigations pour comprendre « avec certitude ce qui s’est passé pour ces quatre personnes », a souligné Philippe Astruc, procureur de la République de Rennes. « Un travail qui durera plusieurs semaines et dont les résultats seront rendus publics », a-t-il précisé.

« Aucune responsabilité ne sera éludée ni bradée »

La première tâche va être de déterminer « avec précision » l’origine des blessures graves constatées. Dimanche, le quotidien Libération révélait que le manifestant de 32 ans qui se trouve toujours entre la vie et la mort avait vraisemblablement été blessé par un tir de grenade lacrymogène. Un autre plaignant, né en 1995, attribue quant à lui le « traumatisme du pied gauche avec fracas osseux » dont il souffre à une grenade de désencerclement. « Ce sont des hypothèses de travail mais qui devront être confortées par des analyses », a souligné Philippe Astruc.

Pour faire toute la lumière, les enquêteurs vont devoir retracer minute par minute le déroulé des affrontements « afin de situer la position géographique des manifestants au moment des blessures. » Pour les aider, un appel à témoins a été lancé « afin que les témoins directs de ces quatre victimes se fassent connaître », a précisé le procureur de la République de Rennes, invitant les personnes en possession de photos ou de vidéos à les transmettre via une adresse mail (iggn.saintesoline@gendarmerie.interieur.gouv.fr).

Dans le même temps, des enquêteurs indépendants vont également être mobilisés pour mener des analyses médico-légales, chimiques et balistiques. Il s’agira alors d’établir « le lien de causalité éventuel entre l’action des gendarmes et ces blessures. » Pour ce faire, l’ensemble des chefs d’escadrons présents à Sainte-Soline vont être auditionnés. Tous les échanges, conversations et vidéos enregistrés durant la durée des opérations seront également saisis. « Aucune responsabilité ne sera éludée ni bradée mais sera le résultat d’un travail rigoureux », a affirmé Philippe Astruc, précisant qu’il n’excluait pas « l’ouverture d’une information judiciaire dans un second temps. »