France

Réforme des retraites : Emmanuel Macron martèle que « cette réforme est une nécessité absolue »

Alors qu’il laissait jusqu’à présent plutôt la main à son gouvernement, Emmanuel Macron a mis lundi un petit pas dans l’arène des débats sur le dossier des retraites. Plus que jamais dépendant des voix de la droite, il en a appelé à la « responsabilité » des oppositions à trois jours d’un scrutin à suspense à l’Assemblée nationale sur sa réforme, qui déterminera en grande partie la suite de son quinquennat.

Pour faire passer son message, le chef de l’Etat s’est invité, fait rarissime, au début de la réunion hebdomadaire de coordination des cadres du camp présidentiel. « Cette réforme est une nécessité absolue pour le financement de nos retraites et la solidité du pays », a-t-il martelé, selon plusieurs participants. « On doit porter ce discours et faire appel à la responsabilité des oppositions qui pourraient voter la réforme ».

Une semaine décisive

Après l’adoption du texte au Sénat samedi soir, l’ultime séquence parlementaire s’ouvrira mercredi par la convocation d’une commission mixte paritaire (CMP), réunissant des élus des deux chambres. En cas d’accord sur un texte de compromis sur la réforme, celui-ci sera soumis jeudi au Sénat puis à l’Assemblée nationale, où le gouvernement est loin d’être sûr de disposer d’une majorité.

La Première ministre Elisabeth Borne écarte à ce stade le recours à l’article 49.3 de la Constitution qui permet de passer en force, sans vote de l’Assemblée, car il est souvent vu comme « brutal » ou « antidémocratique ». Être obligé d’avoir recours à cet article serait surtout perçu comme un signe politique ravageur, susceptible d’attiser les tensions sociales. D’autant que, sur cette réforme très controversée qui fait reculer de 62 à 64 ans l’âge de départ en retraite, le gouvernement a déjà choisi de restreindre à 50 jours le débat au Parlement et de dégainer au Sénat un outil lui permettant un vote unique sur l’ensemble du texte.

Incertitude sur le choix de plusieurs députés LR

Dans ce contexte inflammable, la chasse aux voix reste donc cruciale pour l’exécutif. Dans le camp présidentiel, « s’il nous (en) manquait, ce serait véritablement anecdotique », a assuré Olivier Véran. Mais l’incertitude règne toujours sur le choix de plusieurs députés LR, le parti de droite tablant sur une quinzaine de votes contre.

Sur le front social, une huitième journée de manifestations est prévue mercredi dans toute la France, alors que la dernière samedi a attiré moins de monde. Si la mobilisation semble s’essouffler, notamment dans les transports, elle a néanmoins désormais des conséquences particulièrement désagréables dans plusieurs villes : des monceaux d’ordures jonchent les rues, avec 5.600 tonnes de déchets non ramassés rien qu’à Paris.