France

Polémique autour du premier adjoint au maire de Nice devenu avocat

L’éventuelle ouverture d’une enquête est « à l’étude », indique le parquet de Nice. La justice a été saisie sur des soupçons de conflit d’intérêts dans la décision de l’ordre des avocats d’autoriser le premier adjoint au maire de Nice Anthony Borré à porter la robe noire d’avocat sans avoir passé le certificat d’aptitude. Un signalement de Jean-Christophe Picard, élu EELV au conseil municipal, pointe le rôle qu’aurait joué Me Adrien Verrier, le bâtonnier de Nice, également avocat de la ville, dans cette décision.

Il reproche également au rapporteur de la candidature, un ancien bâtonnier, d’être lié à la ville en tant que défenseur d’une société d’économie mixte où la municipalité est majoritaire. « Ils auraient dû annoncer leur lien d’intérêt et se déporter. Ne pas voter ne suffit pas à les protéger. Ce qu’il faut, c’est ne peser à aucun moment sur la décision », assure Jean-Christophe Picard. Me Valentin Cesari, ex-bâtonnier du barreau de Nice, juge lui aussi « inqualifiable » la position du bâtonnier en titre.

Une décision « collective »

Mis en cause, Me Adrien Verrier souligne que bien qu’il le préside, il n’est pas membre du conseil de l’Ordre et ne peut donc voter : « Je ne prends aucune décision, ce n’est pas moi qui aie décidé du rapporteur ni instruit le dossier ». Il réfute toute situation de conflit d’intérêts et indique n’avoir eu qu’un rôle purement « administratif ».

Anthony Borré, qui n’est pas visé par ce signalement, n’a pas souhaité faire de commentaires. Marc Concas, avocat et élu de la ville de Nice en charge de l’éthique, estime qu’« il ne peut y avoir de conflit d’intérêts car la décision du conseil de l’Ordre est collective et qu’elle a été parfaitement exécutée car conditionnée à un examen oral que [le premier adjoint au maire] a réussi ».

La procédure de dispense du certificat d’aptitude à la profession d’avocat (Capa) impose notamment d’avoir exercé pendant au moins huit ans des fonctions à caractère juridique. Pour obtenir cette dispense, Anthony Borré s’est prévalu devant le conseil de l’Ordre d’avoir été entre 2011 et 2020 directeur de cabinet du maire de Nice. Un autre avocat du barreau de Nice a introduit un recours pour faire annuler la décision du conseil de l’Ordre, réclamation qui sera examinée par cette instance le 25 mai.