France

Paris : Qu’est-ce qui remplacera les tourniquets à l’entrée des stations de métro ?

Bientôt fini les tourniquets à l’entrée des stations de métro ? Après la disparition des tickets en carton, une autre page se tourne dans l’histoire du métro parisien. La semaine dernière, le président de la RATP, Jean Castex, a affirmé dans Le Monde son ambition d’accélérer le retrait des tourniquets placés à l’entrée des métros parisiens. Une décision qui ne dépend ni de l’ancien premier ministre, ni de la RATP, mais d’Île-de-France Mobilités (IDFM). Celle-ci soutient que « le remplacement des tourniquets se fait au fur et à mesure » dans un souci de modernisation des gares.

Emblématiques des stations de métro parisiennes, ces dispositifs de lutte contre la fraude ne semblent pas toujours probants. De nombreux usagers passent sous les barres, ou sautent simplement par-dessus, à la Chirac. Immortalisée par le journaliste Jean-Claude Delmas en 1980, l’action de l’ancien président de la République qui avait choisi d’enjamber le portillon plutôt que d’emprunter le tourniquet avait fait parler dans le monde entier. Celui qui ne savait simplement pas utiliser les transports en commun a fait fureur avec sa fraude « classe ». Frauder en sautant relèvera bientôt de l’exploit, si les tourniquets sont remplacés par de hauts portiques.

Les tourniquets… « C’est très casse-gueule »

Loin d’être nostalgiques, les Franciliens se montrent plutôt très pragmatiques. Dans les couloirs de la gare Saint-Lazare, l’une des gares les plus fréquentées de Paris, le retrait des fameux tourniquets fait plutôt consensus. « C’est très casse-gueule, décrit un couple de trentenaires. Surtout la porte battante derrière le tourniquet. » Même les adolescents ont leur avis sur la question. Samy, Yasser, Adam et Ayman, tous lycéens, estiment ce dispositif peu pratique. « Il n’y a qu’à regarder… », lance l’un d’eux, alors qu’une mère tente de faire passer une poussette sous les barrières du dispositif.

Resté dans la poussette, son enfant a la tête coincée sous la barre du tourniquet. Avec l’aide d’autres usagers, la mère parvient finalement à basculer la poussette de telle sorte qu’elle puisse passer de l’autre côté du portillon. Dans un grand exercice d’agilité. D’autres usagers reproduisent ce spectacle en tentant de passer avec leurs valises. « Et parfois, on se fait mal », se plaint Karim, qui se cogne régulièrement dans les barres en passant avec ses gros sacs. Un dispositif désuet, qui ne devrait pas manquer aux usagers. « D’autant que cela n’évite pas franchement la fraude », poursuit Florian.

Pas de tourniquets dans les gares du Grand Paris

S’ils restent en voie de disparition, les tourniquets risquent de faire partie du paysage métropolitain encore un moment. Impossible, en revanche, de les voir dans l’une des nouvelles gares créées dans le cadre du projet du Grand Paris Express. Celles-ci seront équipées de dispositifs nouveaux, plus modernes. Fini les tourniquets, place aux portes battantes. Et plus possible d’utiliser des tickets en carton. Désormais, seule une détection magnétique permettra d’ouvrir les portes battantes, via un Pass Navigo ou la présentation d’un ticket depuis le téléphone.

Le paiement sans contact, déjà mis en place dans d’autres villes, ne sera néanmoins pas accessible. Dans un premier temps en tout cas. « L’option sera déjà intégrée, mais elle ne sera pas activée dès leur installation, à la demande d’IDFM », précise Jean-Marc Reynaud, responsable de l’activité chez Thalès, l’entreprise chargée de la conception. Gare à la fraude, ces dispositifs seront également équipés de caméras 3D. Placées en hauteur, elles permettront de détecter les tentatives de fraude « en chenille ». Rassurez-vous, aucun risque que votre chien ne se fasse écraser par les portes en vous suivant. Les caméras permettent seulement d’analyser les cas de fraude. 

Les premières gares équipées, Orly et Saint-Denis Pleyel créées dans le prolongement de la ligne 14, devraient opérationnelles d’ici la fin de l’année. Thalès prévoit d’équiper l’ensemble des gares du Grand Paris Express entre mi-2024 et 2030. D’ici là, il n’y aura peut-être même plus de barrières à l’entrée des stations. L’entreprise travaille sur une détection des titres de transport complètement dématérialisée, via Bluetooth. Un projet qui n’en est qu’à ses premiers tests.