France

Incendie en Gironde : Aux Flots bleus, les touristes reviennent « exprès, par solidarité, par gentillesse »

Ce mercredi matin sur le Bassin d’Arcachon, au camping des Flots bleus, comme les voitures qui attendent l’ouverture de la barrière, les averses se font de plus en plus nombreuses. Si la météo avait gâté les touristes venus pour profiter du week-end de Pâques à La Teste-de-Buch, elle contrecarre pas mal les plans de ceux qui voulaient profiter de cette première semaine de vacances scolaires. « Aujourd’hui ça tombe un peu mal, les gens ont plutôt tendance à partir à cause du temps, mais on a eu beaucoup de monde depuis que nous avons rouvert », relativise l’hôtesse d’accueil derrière son bureau.

Le lundi 3 avril dernier, le camping rendu largement célèbre par les films Camping a rouvert ses portes au public, neuf mois après les incendies qui ont ravagé le sud de la Gironde. « On avait la volonté d’ouvrir début avril », explique le directeur, Franck Couderc. Et cela s’est plutôt bien déroulé puisque le camping a accueilli près de 150 personnes pour ce long week-end. Une première satisfaction pour le gérant : « On avait besoin de retrouver notre vrai métier. Nous, en plus d’avoir été contraint de partir de chez nous, on a aussi été contraints de partir de notre travail. »

« C’est bouleversant d’être ici après ce qui s’est passé, c’est sûr »

Franck a laissé ses outils de maître d’œuvre ou de jardinier pour retrouver son bureau de directeur : « La chance qu’on a eue, c’est de pouvoir garder ces bâtiments à l’entrée. C’est ce qui nous a permis d’ouvrir rapidement. » Le simple fait d’emprunter la route D218 suffit à se rendre compte de l’ampleur des dégâts. Et l’accueil, le restaurant et l’épicerie des Flots bleus font largement office d’exceptions dans le coin. Ici, les arbres ont noirci et il ne reste que quelques bouts des anciens bâtiments en durs. « C’est vrai que la traversée, quand on est arrivés, est très triste, lance Martine, retraitée originaire du Val-d’Oise et venue passer quelques jours en camping avec ses petits enfants. C’est bouleversant d’être ici après ce qu’il s’est passé, c’est sûr. »

Le camping des Flots Bleus fait peau neuve
Le camping des Flots Bleus fait peau neuve – Nelio Da Silva

Au sein du camping, les haies pour délimiter les emplacements ne sont plus là, les pins vieux de près de 80 ans non plus d’ailleurs. « Petit à petit, on a des fougères qui repoussent, la nature est en train de reprendre ses droits », sourit le gérant des Flots bleus. Et d’ajouter : « On a un plan de plantation qui est prévu pour l’année prochaine. On travaille dessus pour retrouver notre forêt. » Pour l’instant, les quelques employés en charge des chantiers de rénovations se font entendre ci et là.

Solidarité et retombées économiques

Après une nouvelle averse, les quelques clients encore présents dans le camping se réfugient dans leurs tentes ou leurs camping-cars et passent la tête entre deux giboulées. Originaire de Toulouse, Charles s’est dit « très impressionné » à son arrivée. Il avoue à demi-mot qu’il aurait sûrement choisi un « autre coin où s’installer » si son stage de parapente n’avait pas posé ses valises ici. A l’inverse de Christophe et Lionel, qui affirment n’avoir eu « aucune appréhension » au moment de réserver leur séjour : « Au contraire, on s’est dit que c’était bien de pouvoir les aider. Si on peut apporter notre petite pierre à l’édifice pour reconstruire le camping. »

D’ailleurs, tous les clients ce jour-là sont unanimes : réserver aux Flots bleus après les incendies relève presque de l’acte de solidarité. Et cela n’est pas sans réchauffer le cœur de Franck : « c’est chouette, on a des gens qui sont venus exprès, par solidarité, par gentillesse et ça, ça dépasse tout le reste. »

« On a même une dame qui est venue pour nous apporter un arbre, pour qu’on le replante dans le camping. Il n’y a rien qui vaut ça. De plus, les Testerins ont fait preuve de beaucoup de solidarité et c’est aussi important pour la région qu’on rouvre le plus vite possible. Comme le maire l’a dit :  »un euro dépensé ici, c’est trois euros dépensés en dehors des campings ». Même si là encore, ce n’est pas le plus important », ajoute le gérant. La réouverture des Flots bleus n’a, parole de Franck Couderc, « rien à voir avec les années précédentes niveau d’affluence ». Elle a cependant le mérite de réinjecter un peu de vie dans des dunes fortement meurtries.