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Un évêque de Hong Kong pour la première fois à Pékin en trente ans: un déplacement important à plus d’un titre

Lorsqu’il avait été nommé par le pape François en mai 2021, Mgr Chow avait assigné au diocèse de Hong Kong la mission d’être “un pont” entre Rome et l’Église chinoise. Depuis l’avènement d’un pouvoir communiste en 1949, le sort des catholiques n’a jamais cessé d’être problématique en Chine. Après les persécutions de l’ère maoïste, la situation s’est, certes, améliorée. Néanmoins, l’idée que l’Église chinoise soit dirigée par un étranger, le Pape, et que ce dernier se réserve le droit d’y nommer ses représentants, les évêques, a toujours été jugée irrecevable à Pékin pour des questions de souveraineté et de fierté nationale.

Un élan brisé en 2002

Un dialogue a été mené cahin-caha depuis le lancement de la “politique d’ouverture” en Chine à la fin des années 1970. John Baptist Wu, alors évêque de Hong Kong, avait fait œuvre de pionnier en effectuant deux premières visites en Chine populaire : en 1985 à Pékin et Shanghai, en 1986 à Canton et dans son village natal de Meizhou. Créé entre-temps cardinal, Mgr Wu s’était rendu une dernière fois en Chine en novembre 1994, à Pékin, Wuhan et Xi’an. Sa mort en 2002 avait brisé l’élan et plus aucun prélat de Hong Kong ne ferait par la suite le voyage, si l’on excepte l’invitation lancée à John Tong Hon à l’occasion des Jeux olympiques de Pékin en 2008.

Mgr Tong n’était, toutefois, que l’évêque coadjuteur de Hong Kong et il avait honoré cette invitation, dirait-il, “avec des sentiments ambivalents”, et non sans avoir demandé le feu vert de ses supérieurs, sur place et à Rome. C’est, en effet, son “patron”, le cardinal Joseph Zen, qui aurait dû être convié, mais celui qui fut l’évêque de Hong Kong de 2002 à 2009, s’était rapidement forgé l’image d’un opposant résolu à la dictature communiste. Il a encore aujourd’hui, à 91 ans, maille à partir avec le régime, qui l’a fait condamner à une amende en novembre dernier pour son rôle dans le mouvement de contestation démocratique.

Le déplacement de Mgr Chow revêt donc une importance particulière, et d’autant plus qu’il est officiellement l’invité de l’archevêque de Pékin, Joseph Li Shan, qui a été porté en août dernier à la tête de l’Association catholique patriotique de Chine, l’organe du Parti communiste qui coiffe et contrôle l’Église chinoise. C’est avec elle que le Vatican a conclu, en septembre 2018, un accord au contenu resté secret pour choisir désormais de manière concertée les évêques chinois et régler, espère-t-on, le principal contentieux entre Rome et Pékin.

Priorité au rapprochement

Benoît XVI, qui avait fait du rapprochement avec Pékin une priorité, avait approuvé la nomination de Mgr Li comme évêque en 2007. Son successeur s’est inscrit dans sa démarche en autorisant la visite de Mgr Chow, rassuré sans doute par le fait que même un critique aussi implacable que le cardinal Zen considère ce dernier comme “un bon évêque”. Encouragé aussi, probablement, par la présence dans la délégation de l’évêque auxiliaire de Hong Kong, Joseph Ha, connu pour son engagement en première ligne aux côtés des opposants au régime communiste, dont beaucoup sont tombés sous le coup de la loi draconienne sur la sécurité nationale introduite en 2020 et purgent actuellement des peines de prison.