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OL-Montpellier : Les sept histoires insolites autour du match le plus dingue de la saison en Ligue 1

Au Parc OL,

Les deux bourdes enchaînées en deux minutes de Johann Lepenant, la reprise à bout portant de Faitout Maoussa fracassant la transversale de son propre gardien, l’absence sans doute lourde de sens de Jean-Michel Aulas, la bise de Rémy Vercoutre à un Bruno Cheyrou béat au coup de sifflet final, ou encore Kayne Bonnevie et Anthony Lopes qui portent en triomphe Alexandre Lacazette. Les moments insolites parfois lunaires ont été au niveau du scénario de maboulos de cet OL-Montpellier (5-4) dimanche. On a choisi de vous raconter sept histoires entourant le probable match le plus dingue de la saison en Ligue 1, qui a vu les Lyonnais (7es), menés 1-4 (55e), signer une remontée inoubliable.

  • Deux quadruplés dans le même match, une première depuis 1974 !

Il n’y avait plus eu le moindre quadruplé en Ligue 1 depuis près de cinq ans, avec en l’occurrence un certain Kylian Mbappé lors d’un saignant 5-0 contre l’OL (tiens tiens). C’est dire si on était déjà verni d’assister à la masterclass d’un buteur en pleine confiance. Alors imaginez en avoir deux sur le terrain se rendant coup pour coup ? A seulement 20 piges, Elye Wahi a trouvé le moyen d’inscrire ses quatre buts… en quinze minutes de jeu effectif, entre la fin de la première période et le début de la seconde (40e, 41e, 53e, 55e). A 3-4, le grand espoir du MHSC est même passé à quelques centimètres d’inscrire son cinquième but (72e), juste avant que Michel Der Zakarian ne signe la bizarrerie de le remplacer par Valère Germain (80e).

Et que dire ensuite du quadruplé (le premier en carrière) d’un Alexandre Lacazette transcendé (31e, 59e, 82e, 90e+10) ? C’est simple, c’est seulement la deuxième fois, depuis 75 ans en Ligue 1, que deux équipes s’affrontant voient un de leurs joueurs marquer au moins 4 buts (merci Opta). Le seul précédent remonte à mai 1974, lors d’un Reims-Monaco (8-4) où se sont combinés un quintuplé de Carlos Bianchi pour Reims et un quadruplé de Delio Onnis pour Monaco. De même, Elye Wahi est devenu avec son match de mammouth le tout premier joueur de l’histoire du MHSC à inscrire un quadruplé en L1.

  • Qui dit deux quadruplés dit deux ballons à distribuer ?

Comme on a toujours à l’esprit les investigations piquantes à 20 Minutes, on a eu un flash : comment la tradition du ballon du match offert au buteur inscrivant (a minima) un triplé a-t-elle pu être appliquée dans un tel cas de figure rarissime ? Sourire aux lèvres, Alexandre Lacazette nous a donc répondu sur le sujet : « Je pense qu’on aura chacun un ballon, non ? Logiquement ce sera ça, et puis il y a assez de ballons autour du terrain ». Comme quoi à 19h45, ce n’était étrangement pas encore la priorité de l’attaquant lyonnais de récupérer son cadeau du soir.

Elye Wahi, alias l'autre quadruplé dominical du Parc OL.
Elye Wahi, alias l’autre quadruplé dominical du Parc OL. – OLIVIER CHASSIGNOLE / AFP
  • Jordan Ferri allume ses coéquipiers

L’après-match nous a quasiment autant régalés que la deuxième période. Christopher Jullien a ouvert les vannes en pointant « les erreurs de débutants » de son équipe du MHSC, et en considérant cette défaite comme « une des plus grosses désillusions » qu’il a vécu depuis longtemps. Oui oui, pour un match sans le moindre enjeu sportif pour des Héraultais 12es et sauvés. Mais la véritable punchline à même de dézinguer un groupe est pour Jordan Ferri.

Le joueur formé à l’OL, buteur lors du premier match dans le nouveau stade à Décines en 2016, a ainsi lâché à chaud à Canal + après la rencontre : « Il y a des joueurs qui rentrent, ne nous aident pas et ruinent notre travail ». Bim bam boum, Stephy Mavididi, Léo Leroy, Théo Sainte-Luce, Maxime Estève et Valère Germain, tous entrés en jeu en seconde période ont dû kiffer au plus haut point cette sortie médiatique.

  • La polémique arbitrale qui va bien

A tout match épique une controverse arbitrale, c’est une règle de base, non (coucou Deniz Aytekin) ? Au bout du bout du temps additionnel, Bastien Dechepy a été appelé par le VAR pour un accrochage de Christopher Jullien sur Alexandre Lacazette au premier poteau, après un centre de Rayan Cherki. « Lacazette est malin, il a bien joué le coup, estime d’emblée Michel Der Zakarian. Si c’est pour nous, je ne sais pas si l’arbitre siffle. »

Son défenseur Christopher Jullien, coupable selon le corps arbitral, est sur la même ligne : « Je l’ai encore en travers de la gorge. Le penalty, c’est un très gros scandale. L’arbitre regarde le VAR au dernier moment, quand le ballon arrive, alors que ça faisait dix secondes que Lacazette me tirait, qu’il m’attrapait. Si tu utilises le VAR, il faut le regarder jusqu’au début de l’action, quand c’est clairement lui qui m’attrape ». Si Alexandre Lacazette maintient (non sans malice) qu’il y a selon lui penalty, Laurent Blanc a le mérite de la franchise sur le coup : « Quand j’ai vu que l’arbitre arrêtait le jeu, je me suis demandé pourquoi. De mon banc, je n’ai rien vu du tout ». Un penalty un peu tombé du ciel donc, et transformé à la 90e+10, alors qu’il n’y avait à la base que cinq minutes de temps additionnel.

  • Le peno n’aurait pas pu être suivi par Lacazette en cas d’échec

Ces interminables arrêts de jeu sont liés au combo choc tête contre tête et saignement Diomande-Estève (90e+5) ainsi qu’à l’utilisation du VAR donc. Mais Bastien Dechepy a glissé une donnée assez étrange à Alexandre Lacazette, avant qu’il ne frappe son penalty. « Il y avait cette pression parce que l’arbitre m’avait dit que si je ne marquais pas, c’était fini, même si le gardien repoussait le ballon en jeu. Je savais que je devais donc le mettre du premier coup. » On aurait quand même adoré entendre les trois coups de sifflet de l’arbitre après une parade de Benjamin Lecomte dans ses six mètres, sans attendre de voir si le ballon allait être récupéré par un Lyonnais ou un Montpelliérain derrière.

« Il n’y a même pas eu le coup d’envoi après, insiste à ce propos Laurent Blanc, médusé. C’est rare ça, non ? Tout le monde est parti dans tous les sens et je me suis dit qu’on allait quand même bien faire le coup d’envoi. Et puis non, il n’y en a pas eu, c’est la première fois que je vois ça, et c’est une fin assez bizarre. » Les bizarreries n’ont effectivement pas manqué, dimanche à Décines.

  • Laurent Blanc a lui-même inscrit le penalty d’un précédent 5-4 de légende

Qui n’a pas vu 78 fois le résumé du OM-Montpellier d’août 1998, avec Rolland Courbis chambrant Loulou Nicollin à la mi-temps, en lui annonçant/spoilant un succès 5-4, alors que les Marseillais sont menés 0-4 ? « On ne fait que de m’en parler de ce match-là », souriait dimanche Laurent Blanc. Car comme Alexandre Lacazette, Lolo White, alors défenseur de l’OM de Courbis, avait eu la responsabilité de frapper le penalty de la gagne dans les arrêts de jeu. Et comme son prolifique attaquant, le « Président » n’avait pas tremblé, au moment de faire chavirer le Vélodrome. Côté lyonnais, les références plus récentes de rendez-vous ultimes de dingueries ont eu lieu à Gerland, avec le 5-5 de novembre 2009 contre l’OM et le 4-4 de février 2012 face au PSG.

  • L’instant fraîcheur avec Bradley Barcola

C’est l’histoire d’un jeune joueur qui avait su gratter 13 apparitions (1 passe dé en Ligue Europa) dès la saison passée avec Peter Bosz. Mais personne, même chez les plus fervents suiveurs de l’académie lyonnaise, ne le voyait exploser de la sorte dès cette saison. A 20 ans, la première titularisation en Ligue 1 cette saison de Bradley Barcola a coïncidé fin janvier avec le départ précipité de Karl Toko Ekambi, mais aussi de Romain Faivre et de Jeff Reine-Adélaïde. Depuis, celui-ci épate Laurent Blanc avec ses qualités de vitesse, de verticalité, de générosité et de précision dans la surface. Ses cinq buts et six passes décisives en trois mois en disent long sur son apport crucial dans la montée en régime de l’attaque lyonnaise.

Il s’est même offert… un triplé de passes dé dimanche, une performance rare. Tout comme son discours vraiment rafraîchissant : « Trois passes décisives, c’est exceptionnel. Honnêtement, je ne m’attendais pas du tout à marquer des buts, à jouer autant. Il y a quelques mois, je ne pensais vraiment pas à ça ». Et dans les prochaines semaines, son club formateur va sans doute devoir batailler durant le mercato pour le conserver. Ainsi va notre Ligue des talents, parfois aussi dingue qu’un OL-MHSC prêt à rester dans toutes les mémoires.