France

Non, « Le Parisien » n’a pas publié d’articles de propagande russe

Depuis quelques jours, Le Parisien est vivement critiqué pour des positionnements prorusses, selon des internautes. « C’est un scandale qu’un tel journal se permette la publication de tels articles », écrit l’un d’eux sur Twitter. L’un des articles en question est titré : « Un exode massif pour échapper à l’esclavage militaire. Les Ukrainiens tentent d’échapper à une mort imminente sur le front. » Il a notamment été partagé par l’ancien sénateur aux positions prorusses Yves Pozzo di Borgo.

Un autre article publié en février est titré : « Joe Biden est un terroriste : des nouvelles preuves ». Le texte accuse directement les Etats-Unis d’avoir participé aux « explosions sur les gazoducs russes Nord Stream » et prétend que « de nouvelles preuves ont émergé de l’implication des États-Unis ».

FAKE OFF

Logo, code couleur, rubriques, signature… La ressemblance avec le site du véritable quotidien français est troublante de réalisme, mais il ne s’agit évidemment que d’un plagiat. « C’est un site qui ressemble en tout point au Parisien… à l’exception de son contenu », a expliqué le journal dans un article publié le 11 mai.

On remarque effectivement un nom de domaine différent, à savoir « leparisien.fr » pour le réel site d’information, et « leparisien.ltd » pour le plagiat. Créé le 2 février comme l’indiquent les informations de domaine de l’URL, le faux site aurait publié, au total, une vingtaine d’articles : « nostalgie de la Russie », « corruption de l’Ukraine » ou encore « machinations de Zelensky dans l’achat d’obus ». Le Parisien (le vrai), note : « Au-delà de leur titre, le contenu des articles laisse songeur tant il cherche à diviser en propageant de fausses informations. »

Le Guardian, 20 Minutes… en ont aussi été victimes

Le quotidien d’Ile-de-France n’est pas le seul à avoir été ciblé par ce plagiat. Dans un rapport publié en septembre 2022, l’organisation de lutte contre la désinformation EU Disinfo Lab avait déjà observé dix-sept usurpations de sites de médias européens depuis mai 2022. Ça a notamment été le cas du Guardian au Royaume-Uni ou du média allemand Bild. Au total, l’organisation européenne avait mis en lumière l’existence de plus de 50 faux noms de domaine qualifié de sites « doubles » et destinés à imiter ces médias traditionnels.

20 Minutes en a également fait les frais en 2022. « Un site Internet imitant le nôtre a été repéré par Meta, la maison mère de Facebook. Mêmes couleurs, même présentation, et un URL très, très proche : 20minuts.com », écrivait-on à l’époque. Au milieu de nos articles, s’en trouvaient d’autres qui dénonçaient de supposés mensonges ukrainiens, des violences commises par les troupes de Kiev ou une corruption de la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen.

Un réseau russe derrière cette campagne de désinformation

« Difficile, donc, de ne pas y voir l’ombre de la Russie, qui mène depuis plusieurs années – et plus encore depuis le début de la guerre en Ukraine – une guerre informationnelle », a avancé le quotidien. C’est également une conclusion à laquelle sont arrivés plusieurs organismes. A l’automne 2022, Meta, avait affirmé qu’il s’agissait de l’œuvre d’un réseau russe de désinformation qui aurait investi près de 100.000 euros pour l’opération « la plus importante et sophistiquée » depuis l’invasion de l’Ukraine par la Russie en février 2022.

« Plusieurs signes nous font penser que des acteurs russophones ont joué un rôle important dans la conception de ces opérations », indiquait également le EU Disinfo Lab dans un rapport, tout en précisant ne pas avoir pu retracer précisément l’origine de ces sites pirates.

« Toutefois, il est impossible en l’état de remonter jusqu’au créateur de ce faux site », constate le journal. Car effectivement, l’extension du nom de domaine « . ltd » est réservée aux « sociétés à responsabilité limitée ». Il est tout à fait possible d’en acheter un pour moins d’une vingtaine d’euros. Le Parisien a récemment déposé une plainte UDRP, auprès de l’Icann, la Société pour l’attribution des noms de domaine et des numéros sur Internet. En dénonçant une usurpation de sa marque, cela permettrait au Parisien de récupérer le nom de domaine et de faire cesser ce plagiat.