France

Marathon de Paris 2023 : « Une victoire sur mon corps »… Sous traitement et souvent malade, elle court toujours

« J’arrive, mets tes baskets ! » Cinq jours par semaine, Gwendoline Galeotti entend à peu près ces mots-là de la part de son mari. Le petit Lyvio (2 ans) va bientôt devoir laisser sa maman tranquille, c’est presque l’heure d’aller courir. Une habitude qu’a prise cette habitante de Woustviller (Moselle) depuis une bonne décennie et à laquelle elle déroge rarement. « Même quand il fait froid », rigole la trentenaire (36 ans). « C’est clairement devenu une drogue. Quand je ne peux pas en vacances, je le vis mal ! »

Le quotidien de nombreux Français sportifs ? Oui, peut-être, à une petite exception près : rares sont ceux qui sont touchés par une spondylarthrite ankylosante. Une maladie chronique qui se caractérise par une inflammation des articulations. La Lorraine en souffre depuis ses 18 ans.

« C’est venu comme ça, un jour, quand j’ai vu que mon poignet était enflé et que je ne pouvais plus le bouger », se rappelle-t-elle. « Je pensais à une piqûre de moustique sauf que mes orteils se sont mis à ressembler à des knackis et le lendemain, les genoux et coudes étaient aussi touchés… » Gwendoline Galeotti a été prise en charge « assez vite » dans un hôpital de Metz, où « ils ont tout de suite compris de quoi il s’agissait ». « J’y suis restée une semaine pour des tests, des infiltrations, des ponctions etc. », complète-t-elle, non sans que cela ne ravive quelques souvenirs douloureux. Mais la transforme aussi dans son approche de l’activité physique…

« J’ai eu tellement peur de ne plus pouvoir marcher… »

« J’étais immobilisée dans mon lit à regarder les gens dehors et me dire qu’ils avaient de la chance de bouger. J’ai eu tellement peur de ne plus pouvoir marcher que ça a été un déclic : je me suis mise au sport juste après ! » D’abord doucement, pour quelques randonnées, puis « à la salle de sport ». Jusqu’à trouver un plaisir bien supérieur dans la course à pied. « J’ai commencé vers mes 24 ou 25 ans, seule, dehors. J’ai besoin de ressentir mon corps, le soleil, le vent… J’écoute de la musique en même temps, je pense à plein de trucs, j’adore ! », rigole celle qui travaille comme aide médico-phychologique auprès d’enfants autistes.

Il faut l’écrire : le plaisir n’est pas toujours au rendez-vous lors de ces sorties « le long de la Sarre, ou près des étangs, sur la route surtout ». La maladie a certes été distancée mais revient parfois au sprint. « J’ai des infiltrations toutes les deux semaines pour éviter que ça ne regonfle et deux jours avant, les douleurs reviennent avec une grosse fatigue. Les piqûres sont aussi très douloureuses et vu que le traitement est immunosuppresseur, mon système immunitaire est affaibli. Alors je choppe un peu tout ce qui traîne et suis souvent malade. En plus, j’ai de l’asthme, ça me brûle souvent les poumons. C’est un peu dur pour l’entraînement. »

Gwendoline Galeotti (à droite) et sa soeur à l'arrivée du martahon de Metz.
Gwendoline Galeotti (à droite) et sa soeur à l’arrivée du martahon de Metz. – G.G.

Mais pas assez pour la faire renoncer. Depuis quelques semaines, elle prépare ainsi le marathon de Paris, programmé le 2 avril. Ce sera sa troisième fois sur la distance reine, après deux éditions à Metz en 2018 et 2022. « J’espère faire mieux que mes 3h59 et 4h05, je me suis inscrite dans le sas de départ des 3h45 », annonce la Mosellane, ravie de prendre part un tel événement. « C’est un de mes rêves… Ça va être incroyable avec l’ambiance, le monde, j’en ai des frissons. Mon conjoint et le petit seront là. » Pour vivre de nouveaux grands moments. « Franchir la ligne, c’est une victoire sur mon corps et l’une des plus belles émotions que j’ai ressenties dans ma vie », conclut Gwendoline Galeotti.