FranceSport

Marathon de Paris 2023 : Dorian Louvet, le coureur amateur qui tutoie l’élite après l’aventure Koh-Lanta

« Je suis compétiteur et j’ai besoin d’être performant ». Tout au long de l’entretien avec Dorian Louvet, ex-finaliste de Koh-Lanta et coureur du dimanche, catégorie élite et gros chronos, la question de la perf transpire dans les échanges. A 33 ans, ce contrôleur SNCF en disponibilité, également coach sportif spécialisé dans le running, créateur de contenu, ambassadeur de Paris-2024 et père de Nala, presque deux ans, s’est lancé pour la deuxième année consécutive sur le Marathon de Paris. Mais pas sans objectif : « L’an dernier, je voulais le courir sous les 2h30. Résultat : 2h27 »48. Cette année, je vise les 2h25 ».

Surtout connu pour avoir participé à Koh-Lanta : Les quatre terres, diffusé en 2020, Dorian Louvet a soif d’aventures, de défis, … et de résultats ! « Je suis heureux dans la performance ». Pour l’édition 2023, le coureur, aussi auteur de Mon coach running (éditions First), sorti en 2022, affiche ses ambitions : « Je cours le semi de Paris début mars avec l’objectif de passer sous les 1h09, l’an dernier, j’ai réalisé un chrono de 1h09 »18. Ce n’est pas un objectif principal, c’est inclus dans ma préparation pour le Marathon de Paris. Et si j’y parviens, tous les voyants seront au vert pour le 2 avril ».

Coureur dans l’âme

Ancien coureur de 3.000 mètres steeple de niveau national, ce sportif amateur qui tutoie l’élite française, raconte sa relation éclectique à la course à pied. « En 2016-2017, j’ai pu obtenir une place de finaliste aux championnats de France élite sur 3.000 mètres steeple. A l’époque, je ne courais quasiment que sur piste, à l’exception de quelques dossards sur des 10 km route ». Sa sélection pour l’émission Koh-Lanta a marqué un tournant : « ça a été comme une porte de sortie, je crois que j’étais au bout de ce que je pouvais donner pour la piste ». Entre sa participation au jeu d’aventures, la diffusion et la médiatisation ensuite, ainsi que la naissance de sa fille, Dorian Louvet a stoppé la course pendant près d’un an et demi. « J’en avais besoin et, en même temps, j’ai senti à un moment qu’il me manquait quelque chose ».

Dorian Louvet (avec le dossard 217) sur le Marathon des sables en octobre 2021, une course de 250 kilomètres dans le désert marocain, réalisée avec ses compères de Koh-Lanta, Alix Noblat and Mathieu Blanchard.
Dorian Louvet (avec le dossard 217) sur le Marathon des sables en octobre 2021, une course de 250 kilomètres dans le désert marocain, réalisée avec ses compères de Koh-Lanta, Alix Noblat and Mathieu Blanchard. – JEAN-PHILIPPE KSIAZEK / AFP

En 2021, il rechausse les baskets et se lance sur le Marathon des Sables en octobre, dans le désert marocain, avec Alix Noblat et Mathieu Blanchard, rencontrés durant Koh-Lanta. « Sur des courses pareilles, réputées parmi les plus dures au monde, l’entraînement et l’objectif ne sont pas les mêmes. J’y suis allée pour m’amuser et me dépasser, comme sur la Diagonale des fous en octobre 2022. Ce sont de super expériences mais ce n’est pas le même sport ». Ce challenge a néanmoins marqué le retour à la course pour Dorian Louvet, qui a participé à son premier Marathon de Paris en 2022. « ASO (l’organisateur de la course) est venu me chercher, mais c’était totalement aligné avec mes envies. Et au vu de mes résultats, je suis légitime pour accéder à un dossard élite ». Le coureur tout de même, confie dans un rire que, en revanche, l’organisation n’est pas son fort et qu’il est passé tout prêt de l’élimination directe l’an dernier : « j’avais accepté ce dossard préférentiel, mais j’avais complètement oublié de m’inscrire. Je m’en suis rendu compte deux jours avant la course », plaisante-t-il.

Influence et performance, les deux atouts de Dorian Louvet

Cette année encore, pour son deuxième Marathon de Paris, et son deuxième marathon tout court, Dorian Louvet aura un lièvre de luxe : Jimmy Gressier, néorecordman d’Europe du 5 km sur route.

Nous sommes amis depuis des années avec Jimmy, j’ai le même entraîneur que lui, Adrien Taouji (désormais entraîneur national à l’Insep du groupe demi-fond), et j’ai pu partir en stage de préparation au Kenya à ses côtés pendant la première quinzaine de février. Comme l’an dernier, c’est un plaisir de partager ce moment avec lui, c’est lui qui gérera l’allure, ce qui est vraiment cool et confortable d’avoir un lièvre sur ce rythme-là ».

L’ex-aventurier, fort de son expérience de 2022, parie sur une préparation optimale. « L’an dernier, j’avais déjà pu expérimenter ce type de stage, voir comment mon corps réagissait à l’altitude. Mais c’était 16 semaines avant la course. Là, j’ai pu l’intégrer à ma préparation spécifique marathon qui commence dix à douze semaines avant l’épreuve. J’étais déjà en forme en arrivant sur place et j’ai pu encaisser des volumes de 160 kilomètres par semaine, alors que je suis sur du 120-130 kilomètres quand je suis chez moi. Là-bas, je suis à 100 % dans ma pratique dans l’entraînement comme dans la récupération ».

Dans la région de Caen où il habite, il lui faut jongler avec sa vie de famille, ses exigences professionnelles et les sollicitations dues à son exposition médiatique. « Partir au Kenya est une vraie opportunité, j’en suis conscient et j’en profite. J’étais heureux de partir, et encore plus de rentrer !, plaisante-t-il. La visio, ça change vraiment tout pour garder un lien avec ses enfants. A même pas deux ans, ma fille évolue très vite et je ne sais pas si j’aurais pu partir sans cet outil précieux », ajoute-t-il plus sérieusement. « J’ai de la chance de pouvoir me le permettre, comme je peux durant la préparation du Marathon de Paris, me permettre de réduire mes heures de travail pour passer plus de temps à l’entraînement ».

Je fais partie des bons Français, mais pas au point de prétendre à l’équipe de France ou au niveau européen, enchaîne, lucide, Dorian Louvet. Mais mes performances aujourd’hui couplées à ma visibilité sur les réseaux sociaux séduisent plusieurs marques avec qui j’ai la chance de collaborer. Je profite de cette double casquette, assez rare dans le monde du running. C’est une vraie force ».

Le coureur, qui considère aujourd’hui la course à pied comme une part de son travail, a également été choisi comme ambassadeur de Paris 2024, et aura l’honneur de participer au Marathon pour tous. « Ça sera à coup sûr une grande fête sportive et moi qui suis un grand fan de sport et de F, j’ai hâte d’y être. Le parcours sera difficile, bien plus que celui du Marathon de Paris. Et j’espère y arriver en forme et y briller. Je sais déjà qu’il y a une longue côte qui casse les pattes, on tourne à gauche avant Versailles et on souffre ! », lance-t-il dans un rire.

Une arrivée sur trail court en 2023

En attendant, le coureur presque amateur a coché plusieurs cases pour 2023. « Après le Marathon de Paris, je vais me lancer dans le trail court en transformant mon entraînement. Je pense pouvoir être compétitif sur du 40-50 kilomètres, des distances qui correspondent à mes qualités physiques. Quand je prends le départ d’une course, j’ai besoin d’aller chercher une performance, explique-t-il. La Diag et le Marathon des sables, c’est de l’ultratrail, un sport totalement différent pour lequel je n’ai pas envie de m’entraîner à l’heure actuelle ». Il a notamment prévu de s’aligner au départ du Marathon-Race à Annecy fin mai, puis le Marathon du Mont-Blanc fin juin et fin août, sur l’OCC, l’une des courses du mythique UTMB, qui fait 56 kilomètres. « L’an dernier, j’y suis allé en détente et la fin a été particulièrement difficile. Cette année, j’ai vraiment envie d’y retourner pour performer ».

Une limite d’âge pour arrêter la compétition ? Dorian Louvet n’y pense pas. « Ce qui me motive, c’est de me fixer un objectif. Je suis nouveau dans le marathon et le semi, puisque je n’ai participé qu’à ceux de Paris en 2022. Pareil pour le trail. Je saisis les opportunités qui se présentent ». Il a ainsi participé à un trail en Polynésie française et a relevé plusieurs défis solidaires comme celui de courir huit jours de suite la distance d’un marathon sans n’avoir jamais enfilé un dossard sur la distance reine. « C’était pour une association en 2021. Mon objectif était de lever 5.000 euros, on en a récolté plus de 35.000. J’aime cet esprit de dépassement pour la bonne cause ».

Voyage, course, performance, dépassement de soi, Dorian Louvet a trouvé son propre équilibre pour s’épanouir et profiter des opportunités. « J’aime ce que je fais mais je ne suis pas irréprochable à optimiser chaque détail de ma vie. Sur l’hygiène de vie notamment, je ne suis pas un exemple, plaisante-t-il. Et puis, je rentre de vacances en famille la veille du semi-marathon ». Et si c’était la recette pour passer sous les 2h25 à Paris, le 2 avril ?