France

Lyon : La Métropole sera-t-elle la première à généraliser la semaine de quatre jours ?

La métropole de Lyon va-t-elle réussir là où d’autres se sont cassé les dents ? La collectivité, dirigée par l’écologiste Bruno Bernard, s’apprête à tester la semaine de quatre jours sur la base du volontariat. L’expérimentation sera lancée le 1er septembre 2023 pour une durée de six mois.

Il s’agira de vérifier si cette option peut s’appliquer sur le long terme. Car l’opération relève du casse-tête. La métropole de Lyon compte 9.400 agents. Et si l’expérience s’est avérée concluante dans des entreprises privées, elle n’a jamais pu être mise en place au sein de collectivités territoriales de cette importance.

Le même nombre d’heures travaillées

« La quantité de travail sera identique. Le nombre d’heures ne diminuera pas car la loi ne nous le permet pas. On restera sur une base de 1.607 heures par an », précise Zémorda Khelifi, vice-présidente déléguée aux ressources humaines. Les volontaires devront travailler entre 1h45 et 2 heures de plus chaque jour pour effectuer 35 heures au terme d’une semaine raccourcie.

« Comme beaucoup de collectivités territoriales, nous ne sommes pas épargnés par les difficultés de recrutement. Il y a derrière cette mesure, un enjeu d’attractivité », souligne Zémorda Khelifi. « On sentait que le sujet poussait un peu. Pas mal d’agents nous demandaient de passer à 80 %. On voit que de nouveaux arrivants, et pas forcément les jeunes, ont de nouvelles attentes par rapport au monde du travail de manière générale, observe Anne Jestin, directrice générale des services de la métropole. Donc ça, il faut le prendre en compte si l’on veut rester attractif. » Et d’ajouter : « Nous, on teste des choses. Est-ce que ça permettrait de travailler aussi bien et de faire en sorte que les gens soient mieux dans leur vie ? »

Pour mener à bien son projet, la collectivité s’est inspirée des études menées à l’étranger, mais surtout de l’exemple de l’entreprise villeurbannaise LDLC. Là-bas, l’instauration de la semaine à 4 jours a eu des résultats indéniables. « Il y a un bénéfice sur la diminution du nombre d’arrêts maladie et de burn-out. Il y a des effets sur la réduction du stress. Le taux d’absentéisme a été divisé par deux », dévoile Zémorda Khelifi pour laquelle « l’amélioration de la santé mentale est un vrai sujet depuis la crise Covid ».

Renforcer l’égalité homme-femme

Le défi sera de taille : ne pas enrayer le fonctionnement des services « tout en restant souple et flexible ». « Chaque manager va devoir se poser avec ses équipes afin de voir comment organiser le travail ensemble pour ne pas engendrer une perte de productivité », indique Anne Jeslin. Ni dépeupler les services les lundis ou vendredis, traditionnellement convoités par les salariés désireux de prolonger leur week-end. « Chez LDLC, ils alternent entre un jour choisi par le collaborateur et un autre choisi par l’entreprise. Et cela fonctionne bien », relève-t-elle.

A travers cette mesure, la métropole envisage également de « renforcer l’égalité homme-femme ». A ce jour, 970 agents de la collectivité travaillent à temps partiel, dont 881 femmes, parmi lesquelles Armela Braun. Depuis quatre ans, elle a fait le choix de « passer à 80 % », acceptant de perdre une partie de sa rémunération pour « réduire sa charge mentale ». « Si l’on passe à la semaine de quatre jours, cela me permettra de récupérer 100 % de mon salaire tout en continuant de travailler ainsi, se réjouit-elle. Cela me permettra également de cotiser d’avantage pour la retraite. » A Lyon, l’expérience ne concernera toutefois pas les agents qui dépendent de régimes aux horaires particuliers (3/8 ou 2/8), à savoir près de 40 % des effectifs.