France

Lille : Un projet de fosse de plongée controversé et onéreux refait surface

Nouvel épisode dans le feuilleton judiciaire du projet Saint-Sauveur. La fosse de plongée refait surface dans le dossier concernant l’aménagement de l’ancienne gare de marchandises de Lille. Le président (divers droite) de la métropole de Lille (Mel), Damien Castelain, avait pourtant publiquement annoncé en octobre l’abandon de ce projet dans le programme de construction du centre nautique à Saint-Sauveur. Un imbroglio de plus dans ce dossier qui traîne depuis dix ans.

C’est une phrase, au sein d’un mémoire en défense des avocats de la Mel, qui a relancé le débat : « Le conseil [communautaire de la Mel] n’a, ni prit acte, ni donné acte, ni décidé l’abandon de la fosse. » Pour comprendre les enjeux de ce méli-mélo, il faut revenir en arrière.

« Ce contrat, je ne l’ai pas signé »

Le 7 octobre 2022, lors du conseil métropolitain à Lille, Damien Castelain prend un engagement solennel devant les élus à propos du contrat de construction d’un futur centre aquatique sur la friche Saint-Sauveur, comme le rappelle La Voix du Nord. « Ce contrat, je ne l’ai pas signé, et ce sera donc facile pour moi d’abandonner le projet de la fosse. Et donc je l’acte ici, bien évidemment en accord avec la ville de Lille », affirme-t-il.

A l’origine, cet équipement de 40 m de profondeur était prévu notamment pour accueillir l’épreuve de plongée des Jeux olympiques 2024. C’est raté… et son coût semble devenu trop élevé par rapport à son utilité. Qui plus est, cette fosse rendait le projet de complexe nautique très, voire trop gourmand en eau : 17 millions de litres annuels, soit un quart de tout le complexe aquatique.

En se défaussant de cette installation controversée, Damien Castelain espérait sans doute amadouer les indécis et les rallier au vote de délibération sur l’intérêt public du projet. Ce qui fut le cas. L’opposition, elle-même, n’avait pas manqué de reconnaître le « geste fort » du président de la Mel après sa déclaration.

Reprendre le processus à zéro

Mais pour l’association Aspi, qui lutte contre l’implantation de ce centre nautique jugé « démesuré », cette volte-face n’était pas suffisante. Au contraire, fort d’un recours toujours en vigueur au tribunal administratif, elle signalait à la justice « un manquement à l’information du public ». « Cette modification du projet survenait après l’enquête publique. On pouvait donc considérer que la présentation du projet auprès des citoyens n’était pas sincère, d’où le risque pour la Mel, de devoir reprendre le processus à zéro », souligne une porte-parole d’Aspi.

Les avocats de la Mel n’ont pas pris ce risque, préférant faire passer Damien Castelain pour un menteur devant l’opinion publique. « Si l’abandon de la fosse de plongée a été évoqué par monsieur le président (…), l’abandon n’a pas été décidé, en l’absence de quelques actes juridiques en ce sens (…). D’ailleurs, les élus n’ont proposé aucun amendement à la déclaration d’intérêt général, comme le permet pourtant le règlement intérieur, pour décider de retirer la fosse du projet », précisent-ils dans leur mémoire.

Nouvelle zone de flou

L’engagement de l’abandon de la fosse n’était donc que des paroles en l’air. La fosse de plongée doit donc bel et bien voir le jour, juridiquement parlant. Et quel qu’en soit le coût puisque le président de la Mel, lui-même, avait avoué en octobre, lors du même conseil métropolitain, qu’il était incapable de budgétiser ce chantier.

Une chose est sûre, Damien Castelain s’est mis dans une situation politique inconfortable. Quelles sont les véritables intentions de la Mel au sujet de cette fosse ? Contactée, elle n’a pas donné suite. Et le dossier Saint-Sauveur de connaître une nouvelle zone de flou. Car la Mel et la ville de Lille, qui porte aussi le projet, n’en sont pas à leur première bourde dans ce dossier. En octobre 2021, le tribunal administratif l’avait déjà annulé pour des erreurs grossières de procédure.