France

Lille : Sur des groupes Telegram d’extrême droite ils préparaient une action contre les musulmans

Un remarquable travail d’infiltration de groupuscules d’extrême droite par plusieurs membres du service Tajmaât, qui se présente comme une « plateforme collaborative pour la diaspora maghrébine », a sans doute permis de déjouer un projet de ratonnade dans un quartier populaire de Lille en marge du Ramadan. A côté de cela, ce sont aussi plusieurs chaînes « néonazies » sur le réseau social Telegram, relayant des appels au meurtre, des menaces de mort contre un élu ou des ratonnades, qui ont été dévoilées au grand jour.

Son enquête au long cours sur le groupuscule d’extrême droite « FR DETER », Tajmaât l’a publiée sous la forme d’un thread sur Twitter. Et les faits qui y sont dénoncés font froid dans le dos. A tel point que lundi, le ministre de l’Intérieur lui-même, Gérald Darmanin, a demandé au réseau social de fermer les boucles en question. Rassemblant les identitaires de toute la France, le groupuscule FR DETER compte aussi des ramifications au niveau des départements.

Une attaque en marge du Ramadan

C’est dans celui du Nord que Tajmaât a repéré une discussion plus inquiétante que les autres. Le premier message était posté sous la forme d’un sondage auquel il fallait répondre « oui » ou « sans moi ». La question est sans équivoque : « Qui de disponible le 13 avril (19 heures) à Lille contre la rupture du jeûne du Ramadan ? (minimum 50 personnes) ». En lisant les commentaires, on comprend qu’il ne s’agit pas d’organiser une simple manifestation, notamment en raison du dress code « entièrement noir » et de la volonté de certains de porter des gilets pare-balles. On y apprend aussi que c’est à Wazemmes, un quartier populaire de Lille, que l’attaque devait avoir lieu.

De manière plus générale, on retrouve dans les discussions propos racistes, insultes, incitations à la haine, conseils pour préparer des ratonnades ou même un « coup d’État nationaliste ». Au détour d’un groupe, une liste des « collaborateurs » est affichée, comportant les noms de dizaines de politiques, journalistes ou musulmans. « Si ça peut donner des idées à certains de nos amis nationalistes qui tombent dessus, n’hésitez pas », est-il écrit dans ce post.

Après la publication de son enquête, Tajmaât incite vivement les autorités à réagir. D’autant que, selon leurs profils, beaucoup de membres de ces groupes appartiennent à la police, à la gendarmerie, à l’armée ou sont en bonne place dans certains partis politiques. « Dans le cas où les fonctionnaires impliqués ne sont pas sanctionnés, qu’aucune enquête est faite, ou que l’affaire est étouffée médiatiquement, nous diffuserons publiquement notre archive contenant 1.168 screens et les centaines d’individus », prévient Tajmaât. A l’AFP, une source policière a affirmé que les groupes « FR DETER » sont sous surveillance depuis « fin 2022 » et que « certains profils étaient déjà connus des services de renseignement ». Contacté au sujet de la préparation d’une attaque de musulmans à Wazemmes, le parquet de Lille a souligné que « toute communication était prématurée. »