France

« L’amalgame me hérisse et me révolte », répond le président de la LDH à Elisabeth Borne

Une attaque digne de « l’extrême droite », selon le président de la Ligue des droits de l’Homme (LDH). Patrick Baudouin s’est déclaré mercredi « révolté » par « l’amalgame » d’Elisabeth Borne. « J’ai beaucoup de respect pour ce que la LDH a incarné. Je ne comprends plus certaines de ses prises de position », a déclaré la Première ministre devant le Sénat lors de la séance des questions au gouvernement. « Cette incompréhension (…) s’est fait jour dans ses ambiguïtés face à l’islamisme radical. Et elle s’est confortée depuis quelques mois », a-t-elle ajouté.

Sollicité par l’AFP, le président de la LDH s’est dit « surpris de la déformation » de la position de l’association fondée en 1898. « L’amalgame que fait Madame Borne me hérisse et me révolte. C’est le combat que j’ai mené à peu près toute ma vie », a réagi Patrick Baudouin, appelant la Première ministre à « apaiser le débat et non envenimer les choses. » « Je ne lui fais pas de procès d’intention mais je trouve qu’elle cède à des petites sirènes qui la font glisser vers des propos qui ne sont pas acceptables à notre égard (…) Je sais que c’est une petite musique qui court du côté de certains de nos adversaires situés plutôt à droite, voire à l’extrême droite », a souligné Patrick Baudouin.

Proposition d’un débat public

La cheffe du gouvernement a également rappelé que la LDH avait récemment « attaqué un arrêté interdisant le transport d’armes par destination à Sainte-Soline » (Deux-Sèvres), lieu d’affrontements entre manifestants opposés aux mégabassines (retenues d’eau) et forces de l’ordre. A ce propos, le président de l’association a souligné que la LDH ne remettait pas en cause l’interdiction du port d’armes mais contestait la définition choisie, qui méconnaissait la jurisprudence du Conseil constitutionnel refusant l’extension a priori de la notion d’arme à tout objet utilisable comme projectile.

« J’ai écrit à Mme Borne pour lui demander un rendez-vous. Je suis tout prêt à un débat public, à exposer, à échanger, par rapport éventuellement aux critiques qui nous sont faites », a-t-il ajouté. Le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin, lors d’auditions devant le Parlement la semaine dernière, avait déclaré que « la subvention donnée par l’Etat » à la LDH « mérite d’être regardée dans le cadre des actions qui ont pu être menées ». Il avait suscité un tollé à gauche.