France

Laetitia Avia : Accusée par sept ex-collaborateurs de harcèlement, l’ancienne députée LREM face à la justice

« Les emmerdes, ça vole toujours en escadrille. » Ce proverbe de Jacques Chirac, l’ex-députée En Marche Laetitia Avia aurait pu le faire sien au printemps 2020. Le 12 mai, à la veille du vote final de la loi qu’elle porte depuis des semaines sur la haine en ligne, Mediapart publie un article au vitriole sur ses méthodes de travail. « La députée LREM qui horrifie ses assistants », titre le média d’investigation. D’anciens assistants parlementaires l’accusent d’humiliations, d’abus de pouvoir et d’insultes. Pour la femme politique, avocate de formation, le coup est rude. D’autant qu’un mois plus tard, sa loi est très largement censurée par le Conseil constitutionnel. Dernier coup de bambou début juillet : le parquet annonce l’ouverture d’une enquête la visant après la réception de plusieurs plaintes.

Cette petite phrase de Jacques Chirac, Laetitia Avia y a probablement repensé en juillet 2022 : un mois à peine après sa défaite aux législatives, l’ancienne députée de Paris a reçu sa convocation devant le tribunal correctionnel. Selon le parquet de Paris, sept anciens collaborateurs l’accusent de harcèlement au travail. Le procès doit se tenir ce mardi et mercredi devant la 31e chambre. « Ma cliente a hâte de pouvoir enfin s’expliquer sur cette affaire, insiste son avocat, Me Basile Ader. Elle conteste tout, il y a beaucoup d’instrumentalisation politique dans ce dossier. »

Remarques blessantes et humiliations

Dans Mediapart, cinq anciens assistants parlementaires détaillaient la cadence infernale et la pression imposées par la toute jeune députée dès le début de son mandat, en 2017. « Travailler pour elle, c’était être sollicitée de 7 heures à 1 heure du matin. Même le week-end », assurait notamment l’une d’elle. Selon leurs dires, Laetitia Avia, très engagée publiquement dans la lutte contre les discriminations, multipliait en interne les remarques blessantes et humiliantes, parfois à caractère sexiste ou raciste. Captures d’écran à l’appui, ils assurent, par exemple, qu’un de ses assistants, d’origine asiatique, était régulièrement appelé « le Chinois ». En 2018, la députée de Paris aurait également écrit à ses collaborateurs « on a voté l’amendement des PD », en référence à un amendement en faveur des réfugiés LGBT.

L’enquête menée par la BRDP – la brigade de répression de la délinquance contre la personne – a duré près de deux ans, ponctuée par plusieurs confrontations. Selon nos informations, Laetitia Avia n’a eu de cesse de nier tout harcèlement moral, reconnaissant tout au plus quelques maladresses. « Rien dans ce dossier ne constitue du harcèlement moral au sens juridique du terme », insiste son avocat. Quid des captures d’écran parfois édifiantes publiées par Mediapart ? Des messages délibérément « tronqués, détournés et décontextualisés », avait assuré sur Twitter l’ancienne députée au moment de ces révélations. Contactée, l’avocate de plusieurs plaignants n’a pas répondu à nos sollicitations. Quoiqu’il arrive, un second procès se tiendra en octobre : l’ancienne députée , qui a repris la robe aujourd’hui, a porté plainte en diffamation contre l’auteur de l’article.