France

La France touchée par des pénuries de pilules abortives, alertent des acteurs de la santé

C’est un problème qui dure depuis des semaines. Sur son site Internet, l’Observatoire de la transparence dans les politiques du médicament (OTMeds) s’alarme d’une pénurie en France de misoprostol, une molécule utilisée pour les avortements médicamenteux. Et pas seulement d’ailleurs. Dans les colonnes de Libération, ce samedi, la présidente du Planning familial, Sarah Durocher, évoque également « des difficultés d’approvisionnement en pilules abortives type mifépristone ».

Manque de réaction du gouvernement ?

Ce sont les acteurs de terrain – associations luttant pour le droit à l’IVG, médecins libéraux et sages-femmes, qui ont donné l’alerte. Mais celles-ci ont été ignorées des autorités, estime l’OTMeds qui remonte au 5 mars les premiers alertes et pointe « le silence, l’attentisme et l’amateurisme » de François Braun, l’actuel ministre de la Santé. « Ces alertes sont préoccupantes car elles constituent une entrave pour les personnes qui veulent avorter, dit de son côté Sarah Durocher, toujours dans Libération. La loi française prévoit que toute personne qui souhaite avorter puisse avoir le choix de la méthode (en fonction des délais), or aujourd’hui ce n’est plus le cas. »

Dans cette affaire, l’OTMeds déplore aussi l’opacité dans la gestion de cette pénurie par les autorités sanitaires françaises, au point qu’il est difficile de mesurer l’étendue des ruptures du misoprostol, raconte Jérôme Martin, cofondateur de l’observatoire, toujours dans Libération. Ainsi à Lille, alors qu’il était difficile de trouver des pilules abortives type misoprostol début avril, « la situation semble depuis rétablie [..] sans que l’on sache comment », reprend Jérôme Martin. Est-ce que la pilule arrive à nouveau par le circuit normal ? Est-ce qu’il y a eu un rééquilibrage entre régions ? ».

Dans son communiqué, comme dans l’interview donnée à Libération, l’OTMeds donne tout de même un facteur possible de pénurie : le misoprostol est un médicament sous brevet. Sa production est concentrée sur un unique site. « S’il y a un souci industriel, une impureté sur l’un des sites, pas ou peu d’usines peuvent prendre le relais. La production est donc ralentie pendant des semaines, voire des mois. On entend souvent, avec l’explosion des pénuries, que les médicaments ne seraient pas assez chers en France, explique Jérôme Martin au quotidien, en appelant à changer ce système.