France

La folle ascension de Florentaise, l’entreprise familiale qui a fait du terreau de l’or noir

Avec l’arrivée des beaux jours, les sachets de graines et accessoires de jardinage commencent à faire leur retour dans les rayons des grandes surfaces et magasins spécialisés. Mais le printemps marque cette année une date très importante pour le leader du terreau en France, à qui l’on doit la vente, sous différentes marques, de près d’un sac sur cinq auprès du grand public. Ce mercredi, l’entreprise Florentaise vient en effet d’annoncer son introduction sur la Bourse de Paris.

La discrète entreprise familiale lancée il y a 50 ans, dont le siège social est installé à Saint-Mars-du-Désert près de Nantes, n’en finit plus de pousser. Avec une croissance fulgurante depuis quelques années, elle a réalisé 57,5 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2022 et vise le double d’ici à cinq ans. « Nous voulons désormais devenir la référence mondiale des terreaux bas carbone, annonce le PDG Jean-Pascal Chupin, 61 ans. Et pourquoi pas, même, le leader. »

Remplacer la tourbe par de l’écorce de bois

Quand on plonge la main dans l’une des 600 références de terreau, un indispensable pour se lancer dans un potager ou le fleurissement de son balcon, la matière est plus légère et moins sombre qu’attendu. Une caractéristique des produits Florentaise (245 salariés) qui a fait du « terreau sans tourbe » son cheval de bataille, au nom de la réduction de l’impact carbone. « La tourbe, c’est 60 % de la composition du terreau dans le monde. Mais les tourbières, ces zones humides qui détiennent la moitié de la biodiversité, n’occupent que 3 % de la surface du globe, explique Jean-Pascal Chupin. Ces importants réservoirs de carbone sont aujourd’hui fortement détériorés par cette extraction. »

Le siège de l'entreprise Florentaise est basé à Saint-Mars-du-Désert, près de Nantes
Le siège de l’entreprise Florentaise est basé à Saint-Mars-du-Désert, près de Nantes – Florentaise

Voyant les autorisations d’exploiter les tourbières tomber les unes après les autres, la société a donc cherché à remplacer cette matière végétale décomposée, qui apporte surtout aux racines des plantes le parfait équilibre entre air et eau. Avec succès puisque ses solutions toute aussi efficaces, à base de plaquettes et d’écorce de bois produites en France, posséderaient une empreinte carbone 20 à 50 fois moins importantes. Depuis, le service R & D de l’entreprise a déposé 130 brevets, et notamment pour les machines capables de fabriquer ces matériaux. Une technologie que l’entreprise souhaite désormais louer à d’autres producteurs.

Le défi de la végétalisation des villes

Pour Jean-Pascal Chupin et ses deux directeurs généraux qui ne sont autres que ses enfants Antoine et Chloé Chupin, les feux sont donc au vert pour les prochaines années. Aidés par le confinement, les particuliers se sont mis au jardinage et « ils continuent », se félicitent-ils. Les professionnels, eux, cherchent à répondre à de nombreux défis comme le développement de la culture hors sol ou encore la végétalisation des toitures ou des villes qui nécessiteront là encore… toujours plus de terreau. En Chine aussi, où Florentaise s’est installée en 2016 pour y connaître depuis « une très forte croissance », boostée par la culture de myrtilles.

L’élimination totale de la tourbe n’est cependant pas encore pour aujourd’hui. Florentaise, qui exploite toujours la dernière tourbière (avant l’interdiction en 2026) de France dans la Manche, continue également d’importer de la matière des Pays-Bas. Mais elle promet pouvoir complètement s’en passer à l’horizon 2030, pour réduire encore « de moitié » ses émissions carbone.