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Google mise sur une intégration progressive de l’intelligence artificielle dans tous ses produits

De notre correspondant en Californie,

Quand OpenAI a dévoilé la puissance de ChatGPT, et que Microsoft a senti le vent tourner en signant un partenariat d’envergure pour catapulter son moteur de recherche Bing dans une nouvelle ère, Google a déclaré un « code rouge » en interne. Mercredi, à l’occasion de sa conférence pour développeurs Google I/O, organisée à Mountain View, on a découvert les premiers résultats concrets de cette mobilisation. Lancement de son chatbot Bard dans 180 pays, emails rédigés par la machine, images synthétiques… Google mise sur l’intelligence artificielle, tout en promettant d’utiliser cette technologie de manière « responsable ». Particulièrement pour la recherche, que le géant veut éviter de trop bouleverser.

Le chatbot Bard accessible dans 180 pays

La liste d’attente, c’est fini. Deux mois après sa réponse hâtive à ChatGPT, Google lance son chatbot intelligent Bard dans 180 pays. Pour l’instant, c’est uniquement en anglais, en japonais et en coréen, mais Google promet le support de 40 langues, dont le français, pour « bientôt ».

Bard s’appuie sur la puissance de PaLM 2, le dernier LLM (large language model) de Google, et peut permettre à des personnes sans connaissances techniques de créer des programmes informatiques en décrivant le résultat voulu, comme « code en Python les mouvements de pièces d’échecs ». Google a annoncé des partenariats, notamment avec Adobe, pour générer des images avec Bard, par exemple pour créer une invitation d’anniversaire pour une petite fille qui aime les licornes.

Gmail capable de rédiger des emails tout seul

Gmail suggérait déjà des courtes réponses. Avec « Help me write » (Aide-moi à écrire), le logiciel devient un véritable secrétaire. Besoin de rédiger un email pour demander un remboursement ? Il s’occupe non seulement du texte, mais va chercher tous les éléments factuels dans notre correspondance. Si le résultat est trop poli, on peut lui demander de changer le ton.

Des images synthétiques clairement identifiées

On commence à voir des images synthétiques plus vraies que nature, ce qui représente un casse-tête pour la désinformation. Dans ses principes de responsabilité, Google a promis d’identifier clairement les images générées par son IA. Des images, mais aussi des vidéos, comme son traducteur universel, qui est capable d’effectuer un doublage en quasi-temps réel, avec des mouvements de la bouche modifiés pour correspondre aux nouvelles syllabes.

Une dose d’IA dans les résultats de recherche

C’est finalement sur le cœur de son métier – et de son business – que Google se montre le plus timoré. L’IA débarque dans son moteur de recherche, mais en bêta, et uniquement aux Etats-Unis, en s’inscrivant dans Search Labs. Cette « Search generative experience » (expérience générative de recherche, encore un nom en bois de Google) sera lancée dans quelques semaines.

Au programme, une réponse digérée par la machine, après avoir passé le Web à la moulinette, qui s’affiche au-dessus des classiques résultats bleus de recherche. Google a pris soin d’éviter de donner une personnalité à l’IA, qui reste très factuelle et, espérons, évitera d’halluciner ou d’inventer des citations.

C’est expériental pour l’instant, mais l’entreprise de Moutain View y a déjà intégré des pubs, comme des résultats sponsorisés pour « un vélo adapté à un trajet de 8 km vallonné ». Le plus grand défi de Google n’est pas d’empêcher un soulèvement des machines mais d’éviter qu’un concurrent, ou l’IA, ne tue sa poule aux œufs d’or.